Dimanche 27 septembre :
Nous ne repartons de notre
bivouac sympa en bord de mer qu’en début d’après midi. Après une bonne très
grasse matinée (nous étions fatigués… Vous avez peut-être du mal à comprendre
mais oui, c’est possible !), les enfants, après avoir bien travaillé
jouent sur la plage pendant que nous prenons des petits cafés dans le
camping-car. Une bonne connexion wifi me permet de faire le précédent article.
Nous nous dirigeons vers une sympathique
plage où des pêcheurs taquinent le poisson dans l’estuaire du Río Negro.
Nous
apercevons des petits requins morts sur la plage.
Nous cherchons les dauphins
au large mais nous n’en voyons pas. Un panneau nous explique finalement qu’on
ne les voit que vers le mois de février. Les enfants escaladent une dune de
sable avant de la redescendre en courant !
Nous quittons Balneario El Cóndor
et empruntons la route côtière qui passe en haut de la falaise longue de 12
kilomètres en bas de laquelle nous avions observé hier la colonie de
perroquets. Nous faisons une pause autour du phare de Río Negro.
Jolie vue sur Balneario, la mer et le parking
où nous avons dormi hier soir.
Nous continuons notre chemin avant de nous
arrêter sur un petit parking juste au dessus de la falaise. Nous voyons de
nouveau tous les perroquets volant par couple. Mais cette fois, nous découvrons
leur plumage par-dessus, et les couleurs sont magnifiques. Nous en verrons des
centaines sur toute la route côtière.
Cette dernière, que nous
continuons, se transforme rapidement en ripio. Nous goûtons de nouveau au
plaisir de la tôle ondulée. Par endroit, il est difficile de dépasser les 20
km/h. Puis à nouveau, nous pouvons rouler jusqu’à 60 km/h. Nous arrivons à La
Loberia et à la Punta Bermeja.
Ici, sur la plage, au pied d’une falaise, nous
découvrons une des colonies continentales les plus grandes du monde de lions de
mer. Cette réserve abrite jusqu’à 7500 individus. Après avoir visité un petit
centre d’interprétation sur le site, nous arrivons à un belvédère d’où nous
surplombons la colonie.
Nous regrettons d’être un peu loin de celle-ci et de ne
pouvoir l’approcher. Mais les enfants (et nous aussi !), prenons beaucoup
de plaisir à regarder aux jumelles ces lions de mer.
Nous hésitons à nous engager sur
la Ruta Provincial n°1 en direction de San Antonio en raison de l’heure
avancée. Mais bon, il ne fait nuit ici qu’à 19 heures (nous avons gagné plus
d’une heure par rapport à il y a une quinzaine de jours où nous étions à plus
de 2000 kilomètres au nord). La prochaine ville pour faire étape est à 60
kilomètres et il nous a été déconseillé de dormir sur des plages car il y
aurait eu des agressions nocturnes la semaine dernière. Nous prenons le ripio
quand même en comptant arriver au village de Bahia Creek. Les paysages sont magnifiques.
Puis, au bout de 20 kilomètres,
nous trouvons un magnifique endroit où stationner face à la mer. Un camping-car
argentin aménagé dans un vieux bus est garé ici. J’approche les 5 argentins qui
passent plusieurs nuits ici et me disent que l’endroit est très tranquille.
Nous bivouaquons donc à côté d’eux. Ils viennent nous voir un plus tard dans la
soirée en nous disant que s’il y avait le moindre souci, ils étaient
armés ! Effectivement, nous les avons vu passer avec un fusil de chasse
tout à l’heure… Heu… gracias…
Nous faisons une grande ballade
sur la plage et profitons d’un superbe coucher de soleil. Le ciel est
magnifique.
De retour au camping-car, pendant
le repas, nous apercevons notre première baleine franche australe s’amusant
dans l’eau, certainement avec son petit baleineau. Ils jouent durant une heure
juste devant nous à quelques dizaines de mètres. Le spectacle est magique vu du
camping-car. Nous voyons son souffle, ses nageoires, un petit bout de sa tête.
Quelques petites pointes noires sortent de l’eau. Ce sont des lions de mer,
naviguant dans les eaux très poissonneuses.
Nous nous couchons. Ce soir,
c’est pleine lune et de plus, nous avons la chance de pouvoir observer, tout
comme dans l’hémisphère nord, une éclipse totale de lune. Le spectacle est là
aussi magique. Là où nous sommes, aucune pollution lumineuse ne gâche le
spectacle. A 23h47, la lune se trouve entièrement dans l’ombre de la Terre.
Nous observons le phénomène de la fenêtre de la capucine, bien blottis sous la
couette. Rapidement, les nuages arrivent, et nous ne verrons pas la fin du
phénomène.
Lundi 28 septembre :
La nuit se passe bien, jusqu’au
petit matin où nous sommes réveillés par une sacrée tempête. Le vent souffle
terriblement fort. Le camping-car bouge dans tous les sens. C’est incroyable.
Joli lever de soleil cependant à
6 heures du matin. Photos prises de la capucine du camping-car.
Quelqu’un frappe à la porte à 7
heures. Nous ouvrons la fenêtre de la capucine. Ce sont nos voisins qui nous
demandent si nous voulons bien bouger notre véhicule pour nous rapprocher d’eux
et ainsi les protéger des vents. Leur auvent menace de s’envoler malgré les
grosses cordes d’arrimage.
Nous nous demandons s’il ne
vaudrait pas mieux reprendre la route et rejoindre au plus vite la ville, mais nos
voisins, protecteurs, nous le déconseillent et nous disent d’attendre que la
tempête se calme. Ils ont certainement raison. Sauf que celle-ci ne se calme
pas. Tout au long de la matinée, la marée est montante et les vents se
renforcent d’autant.
Nous restons bien au chaud dans notre coquille d’escargot.
Il est impossible de sortir. Les portes du camping-car s’arracheraient avec le
vent. Les enfants travaillent, je lis les guides touristiques sur les
incroyables moments qui nous attendent dans les prochains jours, je trie mes
photos, je fais des cafés. Notre voisin vient me voir pour me dire que
vers 15 heures, nous pourrons reprendre
la route tranquillement.
Nous décidons de ne pas
poursuivre par la route côtière jusqu’à San Antonio car le vent a dû recouvrir
la piste de sable. Les locaux nous avaient dit que nous pouvions emprunter
cette piste seulement s’il n’y avait pas de vent. Nos repartirons donc en
chemin inverse pour refaire les 20 kilomètres de ripio (avec déjà quelques
belles ornières de sable hier tout de même) nous séparant de La Loberia. Alors
que de l’autre côté, il en reste 130 et cela n’est pas raisonnable compte tenu
du temps. Cela nous fait pourtant faire un détour de 120 kilomètres… mais on a
le temps…
Audrey et Victor préparent des crêpes.
Anaïs m’accompagne pour en apporter une assiette à nos voisins. Il est
impossible de marcher droit dehors. Nous montons à l’abri dans leur bus. Ces
cinq amis pêcheurs habitent à 800 kilomètres d’ici et passent la semaine sur la
côte. Je bois l’apéro avec eux, du Fernet Coca avec plein de glaçons... Nous
leur donnons les crêpes toutes chaudes et un joli dessin préparé par Anaïs.
Nous repartons avec des poissons pêchés hier, préparés et congelés. Ils
insistent sur la meilleure façon de les cuisiner : coupé en tronçons et
frits dans de l’huile. On suivra leurs conseils !
Il est 12h30, la tempête ne
faiblit pas. La marée semble au plus haut, les énormes vagues s’éclatent sous
forme de gros rouleaux à une dizaine de mètres du camping-car. Le spectacle est
superbe. Nous nous sentons seuls au monde. Personne ne passe sur la piste. Les
mouettes au mieux font du vol stationnaire. Ou sinon, elles volent en reculant.
Ce qui fait éclater de rire les enfants.
Une heure plus tard, le ciel
s’éclaircit un petit peu. Le vent ne faiblit pas. Nous prévenons nos voisins
que nous partons. Ils nous embrassent, nous remercie encore pour les crêpes et
nous souhaitent bonne chance et bon voyage.
Tous les argentins croisés sont
vraiment très gentils, attentionnés, protecteurs, souriants… Nous ne comptons
plus les petits signes de la main ou les appels de phares sur la route, les
petits mots dès que nous nous arrêtons sur un parking et les « ¡ Que
lindo ! » lorsque nous leur racontons notre voyage. Ils sont de plus
très impressionnés par notre véhicule ; ici, il n’y a pas de camping-car
ou vraiment très peu. Nous en avons croisés 4 ou 5 depuis le début du voyage.
Bref, nous prenons donc la piste
et rapidement, nous sommes à l’abri du vent par les petites dunes.
Nous roulons finalement assez facilement. A tour de rôle, Anaïs et Victor prennent le volant sur mes genoux sur quasiment 10 kilomètres. La tôle ondulée fait tout trembler dans le camping-car.
Nous parcourons ensuite 250
kilomètres dont une bonne centaine en ligne droite d’une monotonie
déconcertante. Il n’y a… rien à l’horizon. Nous ne croisons même plus d’élevage
sur cette distance.
Quasiment pas de circulation non plus. Vent de face. La route
droite se perd à l’horizon. La végétation se résume à une steppe assez dense
d’arbustes d’un mètre de haut au maximum.
Nous arrivons à Las Grutas, station
balnéaire où nous bivouaquons au bord de la mer.
Nous prenons l’apéro pour fêter
notre 50ème jour de voyage et nos premiers 5000 kilomètres… Bon,
pour tout vous dire, on avait trouvé d’autres excuses pour boire l’apéro pour
les 45ème, 46ème, 47ème, 48ème, 49ème
jours…
Nuit tranquille.
Mardi 29 septembre :
Les enfants font leur travail
d’école sur la route avec Mamantresse qui s’assoit avec eux autour de la grande
table. Le programme se déroule bien. Victor fait beaucoup d’efforts et de
progrès en lecture. Il commence à lire de petites phrases simples et se
débrouille très bien. En maths, il a compris le système des dizaines. Anaïs
travaille en littérature, en Histoire… et apprécie d’autant plus la géographie
durant ce grand voyage.
Premier contrôle phytosanitaire à
la sortie de San Antonio sur la Ruta 3 qui contrôle que nous n’importons pas de
viande et de fruits et légumes en Patagonie, quand bien même nous y sommes
entrés depuis 500 kilomètres ! Nous
concernant ce contrôle se limite à une simple vérification approfondie des
papiers. Nous avons réussi à rouler 2000 kilomètres sans nous faire contrôler !
Cela change des provinces du nord de l’Argentine où nous nous sommes fait
arrêter jusqu’à 4 fois en quelques dizaines de kilomètres…
Je lutte contre un vent de côté
impressionnant. Pas de bourrasques dangereuses pour la conduite mais un vent
constant de côté. En témoigne la photo de ce malheureux agent de la DDE locale
habillé tel un cosmonaute. La température n’excède pas 10° et le froid ressenti
avec le vent est saisissant.
Je bas mon record de consommation
(14l/100 au lieu de 12 environ en conditions normales) depuis que nous avons le
camping-car malgré l’aspiration d’un camion pendant environ 80 kilomètres.
Changement de province, et
nouveau contrôle phytosanitaire (enfin par pour nous), à priori le dernier,
juste avant Arroyo Verde. Heureusement, Marion et Daniel nous avaient prévenus de
ces contrôles et nous avions pu cacher tous nos produits frais dans le
coffre-fort. (Bon, en fait, on a tout caché pour rien… c’était juste histoire
de devoir expliquer aux enfants qu’on faisait quelque chose de pas trop légal…).
Sur le bord de la route, nous voyons quelques jolies lagunes.
A midi, nous avons parcouru 260
kilomètres et sommes arrivés à Puerto Madryn, assez grande ville, encore sur le
continent et marquant l’entrée de la péninsule Valdés.
Nous trouvons une place en plein
centre ville en bord de mer avec d’un côté une grande aire de jeux faisant le
plaisir des enfants et de l’autre, une laverie. Quatre machines à laver seront
nécessaires pour repartir à zéro avec du linge propre. Cela fait un mois que
nous nous débrouillons avec nos petites lessives dans notre bidon étanche. Cela
fonctionne très bien. Le linge en sort en sentant bon mais avec quelques tâches
(propres !) tout de même.
Petite ballade glaciale sur le
front de mer et sur la plage. Nous ne
sommes pas assez couverts malgré nos polaires et blousons. Il va falloir sortir
nos sous-vêtements techniques. Nous voyons de jolies sculptures dans des troncs
d’arbre.
Nous faisons un tour à l’office
de tourisme et achetons une carte détaillée sur la péninsule Valdés avec les
différents ripios et accès aux sites où observer la faune marine : baleines,
éléphants de mer, lions de mer, pingouins de Magellan, et peut-être même des dauphins
et des orques... Voilà ce qui nous attend à partir de demain ! En
attendant, chacun se glisse dans des draps tout propres…
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