Lundi 14 septembre :
Après ces dernières journées
riches de découvertes et d’émotions avec cette succession de passionnantes
visites, il nous faut prendre un peu de repos ! La matinée et le début
d’après-midi sont passés à se mettre à jour pour l’école et pour le blog,
répondre aux nombreux mails qui nous font toujours aussi plaisir, prendre des infos sur internet pour la suite du
voyage avec la bonne connexion wifi de la centrale hydro-électrique à côté de
laquelle nous avons dormi.
Les enfants s'amusent à construire des petites œuvres de land-art.
Nous prenons la route et nous apprêtons
à quitter le Brésil. Il nous faut donc épuiser nos quelques billets et pièces
de réal. Nous ferons un plein de 7 litres de gasoil et de 200 litres d’eau à la
station…
Nous traversons le río Paraná et
arrivons ainsi au Paraguay. La douane se passe en 10 minutes. Un douanier
m’accompagne au camping-car mais au lieu de le contrôler, nous raconte ses
vacances passées en Europe. Heureusement, il ne monte pas dedans pour contrôler
le contenu du frigo et des placards car nous ne le savions pas, mais nous
n’avons pas le droit d’entrer au Paraguay avec des aliments frais. La ville de
Ciudad del Este dans laquelle nous arrivons paraît importante par ses 400 000
habitants et ses jolis immeubles.
Mais, en sortant de celle-ci,
nous nous rendons rapidement compte que toute la population n’a pas le même
niveau de vie. Sur les bords de la route, beaucoup de petits vendeurs
ambulants, de gomerias (réparateur de roues) et de lavadores (laveurs de
véhicules)…
La population vit dans des toutes petites maisons faites de bois et
de tôles. Les habitants ont en général une vache assez maigre attachée à une
corde devant leur maison.
Au fait, nous ne nous plaindrons plus jamais d'avoir une taupe dans notre jardin. Bon, en fait ici, cela ressemble à de très grosses fourmilières mais bon, on doit avoir l'air fin avec ça dans son jardin...
Nous devons prendre un petit
péage où des panneaux annoncent qu’ils ne prennent pas de monnaie étrangère.
Nous nous arrêtons au premier distributeur de billets qui distribue au minimum
100 000 guaranis ! Oh ben on aura bien assez avec ça… Nous remontons
dans le camping-car et recevons un SMS de notre banque : « un retrait
vient d’être effectué sur votre compte pour un montant de 100 000 guaranis
soit 16€ ». Bon, il y aura largement assez pour le péage mais peut-être
pas pour après…
Nous redescendons en direction de
l’Argentine en longeant la frontière Paraguay / Argentine. Nous nous sentons en
France, en raison des paysages ressemblant beaucoup aux nôtres. La route est
droite, les petites collines et les paysages sont recouverts de cultures.
Malgré la fin de l’hiver, les moissonneuses batteuses sont en pleine activité.
Le climat tropical fait que les saisons sont moins marquées que chez nous. Ici, il y a une saison sèche et une saison humide. Les engins agricoles sont énormes, modernes. Il y a des concessionnaires
agricoles partout. De grands panneaux publicitaires vantent les produits phytosanitaires. On est dans le pays des OGM.
Nous roulons jusqu’à la nuit où
vers 18h30, nous nous posons dans une petite ville, un peu reculée de la route
pour être à l’écart du bruit. Je vais saluer l’habitant devant chez qui nous
sommes posés qui me souhaite la bienvenue, me propose de l’eau et de venir
frapper à sa porte cette nuit si nous avons le moindre problème. Nous sommes
certes retirés de la route mais comme depuis plusieurs nuits, nous n’avons pas
de chance, les chiens vont aboyer une partie de la nuit et des voitures avec la
musique à fond stationnent non loin de nous. On ne sait pas si c’est la fête
nationale mais il y a même des feux d’artifice !
Mardi 15 septembre :
École pour Audrey et les enfants,
et moi pendant ce temps : petite réparation de ma fuite sous mon évier qui
m’embête à nouveau, colmatage d’une petite fêlure dans le bac à douche, tri des
4000 premières photos prises depuis un mois et sauvegarde sur le disque dur
externe et sur Google Picasa en ayant acheté un espace de stockage à environ 2€
par mois.
Nous reprenons la route. Nous faisons 50 mètres avant d'être arrêtés par un douanier qui me demande de lui ouvrir les portes de la soute. Il me demande juste de lui expliquer le contenu d'une poche Leclerc, je lui réponds : "juegos para los niños". Il avait juste envie de discuter et de savoir où nous allions... Il nous laisse repartir avec le sourire. Quelques kilomètres plus loin, nous tombons sur un supermarché : ça tombe bien,
il n’y avait plus rien à se mettre sous les dents… Le magasin est bien fourni,
les prix raisonnables et moins chers qu’en Argentine où nous allons
bientôt arriver. Nous faisons donc un gros
plein de courses à 1 million de guaranis… Bon, ça ne fait que 160€ mais
le caddie déborde et nous gavons les placards, le frigo et le congél’ aussi.
Les laitages sont enfin à un prix raisonnable donc nous en profitons aussi.
Nous nous essayons à quelques produits locaux (heu, la confiture citrouille/coco nous laissera finalement perplexe...). La viande rouge est à un prix
dérisoire et nous prévoyons des sacrés beaux morceaux pour les futurs asados
(barbecue).
Enfin, après 200 kilomètres nous
arrivons à la Misión Jesuítica Guaraní de Jesús de Tavarangüe.
Pour ceux qui
n’ont pas lu l’histoire des missions jésuites, vous pouvez aller relire
l’article sur celle que nous avions visitée à San Ignacio en Argentine. Cette mission est également classée au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. Elle a
été superbement restaurée il y a une vingtaine d’années et libérée de la
végétation qui l’envahissait. La construction de cet édifice remonte à 1756. Nous
y trouvons une église longue de 70 mètres et large de 24 mètres qui aurait été
une des plus vastes des missions jésuites.
Autour, le cloître, les habitations
des guaranís, les ateliers. Il ne reste rien du cimetière, des jardins.
Le parc
est beaucoup moins arboré qu’à San Ignacio, la végétation un peu moins
tropicale mais la vue est superbement dégagée sur la campagne alentour.
Nous ne
comptions faire cette visite que le lendemain mais au moment où nous arrivons
sur le parking, nous apprenons qu’il n’est pas 18 heures mais 17 heures. Il y a
en effet une heure de décalage avec le Brésil. Il nous reste donc une heure
pour visiter ce site et nous avons la chance de le visiter au soleil couchant.
La lumière est superbe sur ces murs rouges.
Le personnel du parc, très
accueillant nous propose de dormir sur place dans une petite cour engazonnée,
avec sanitaires à disposition et même les deux policiers gardant le parc qui
nous surveilleront pendant la nuit… Pour ne pas changer, des chiens viendront
un peu perturber notre sommeil…
Mercredi 15 septembre :
Petit réveil tranquille. Le linge
de la lessive faite hier soir à la lampe frontale a bien séché cette nuit dehors. Les
gardiens ont bien veillé sur notre camping-car et les chiens ont fini comme
nous par s’endormir.
Pendant les devoirs, je pars
discuter avec le policier qui sirote son mate (prononcé maté). Le mate est la boisson locale. Ici, tout comme dans
beaucoup de pays d’Amérique du sud, c’est une véritable institution et il s’en
boit partout. Tout le monde a dans une main sa calebasse, et dans l’autre sa
thermos d’eau chaude avec laquelle on remplit toute la journée sa calebasse, ce
qui n’est pas facile pour travailler, mais bon, ils arrivent à coincer la
thermos sous le bras pour libérer une main au lieu de tout poser... Quand la
thermos est vide, ils vont la remplir à des distributeurs d’eau chaude présents
dans les stations services. Le partage du mate est un véritable symbole de
l’amitié, de la communication et du bon accueil. Nous avons traversé dans le
nord-est de l’Argentine, les provinces subtropicales de Corrientes et de
Misiones, terres où est cultivé le mate. Il pousse sur des arbustes de 3 à 6
mètres de haut. Ce sont ses feuilles persistantes qui servent à élaborer cette
boisson. Cette infusion aurait des vertus très toniques sur l’organisme. Les
jésuites l’ont d’ailleurs exploité de façon intensive.
C’est donc l’endroit idéal pour
ne pas rester sur notre premier essai en Uruguay qui s’était soldé par un
échec… Nous avions en effet acheté à Montevideo tout le nécessaire à savoir la
bombilla (pipette de métal dans laquelle on aspire comme avec une paille), la
mate (récipient fait dans une calebasse évidée) et la yerba mate (feuilles de
l’arbuste servant à réaliser l’infusion) pour s’essayer aux coutumes locales.
J’en profite donc pour demander
au policier, comment préparer cette infusion. Je vais chercher mon matériel au
camping-car. Il m’aide à préparer la boisson en remplissant intégralement ma
calebasse de yerba mate. Il m’offre et ajoute le contenu d’une petite poche de
fleurs séchées et de plantes aromatiques pour donner un peu de goût. Il verse un
léger filet d’eau froide sur ces fleurs afin d’en révéler les arômes avant de
remplir le reste d’eau chaude sortant de sa bouilloire. Il vide le reste de
cette dernière dans sa thermos qu’il me confie pour le reste de la journée afin
que j’aie de l’eau chaude pour remplir ma calebasse. Je reviens voir Audrey,
tout fier avec ma préparation… bien préparée cette fois.
Et nous goûtons… Ben,
c’est toujours aussi amer et vraiment pas à notre goût. Impossible d’ajouter du
sucre car le contenu de la calebasse est vraiment compact et la bombilla tient
debout dans les herbes infusées, et il est donc impossible de remuer. Nous
tentons de notre côté, de faire chauffer de l’eau additionnée de sucre. On
réessaye. Bof, on n’y arrive vraiment pas… Je prépare un petit café !
Nous re-visitons les ruines
de la Misión Jesuítica Guaraní de Jesús de Tavarangüe. Nous avions gentiment été mis
dehors hier car ils devaient y détruire un nid de guêpes. Nous voyons le site
avec un éclairage différent et terminons la visite avec un temps superbe comme depuis le début de notre voyage. Il fait plus de 30° et le ciel est bien bleu.
Petit plein d’eau avant de
repartir. Les enfants jouent dehors à se construire un petit aqueduc. Ils
offrent à une petite fille un autre de leur doudou.
Nous faisons une dizaine de
kilomètres en direction de la Misión Jesuítica Guaraní de La Santíssima
Trinidad del Paraná, également classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par
l’Unesco.
C’est la mieux conservée de toutes les missions jésuites du Paraguay,
de l’Argentine et du Brésil. Elle compta 2700 habitants. La plaza centrale est
spectaculaire par ses dimensions de 150 mètres sur 130 mètres. Elle est bordée
par les vestiges des maisons guaraní.
La cathédrale de 1745 a conservé
une partie de ses murs contrairement aux autres missions, et également
beaucoup de sculptures, et de statues pour certaines décapitées.
De nombreux animaux et anges
musiciens sont superbement sculptés sur une chaine de pierres.
Nous rentrons
dans une crypte sous le chœur. Un peu plus loin sur le site,
nous voyons l’ancienne église et le campanile.
Puis, il est temps de reprendre
la route pour se rapprocher de la frontière Paraguay / Argentine. Nous soldons
nos centaines de milliers de guaranís en faisant le plein de gasoil. Nous
arrivons assez rapidement sur le pont enjambant le Paraná et séparant ces deux
pays.
Nous resterons 1 heure bloqués sur ce pont. Nous comprenons vite que
toutes les voitures se font contrôler.
La dernière ville traversée au Paraguay,
Encarnación est en fait remplie de petites boutiques de vêtements, d’équipements
électroniques où les argentins viennent faire leurs achats certainement
beaucoup moins chers. Ils doivent de plus en profiter pour venir retirer des
US$ qu’ils échangent ensuite en Argentine au cours du marché Blue, ce qui leur
permet de faire 50% de plus-value. Sur le pont, nous nous faisons doubler par
des mobylettes et motos chargées au maximum.
Arrivés au poste de frontière de
Posadas, côté argentin, nous nous mettons dans la file touriste et non
résident, sauf que celle-ci ne peut pas recevoir des véhicules de notre
gabarit. Heureusement, deux douaniers sympas viennent bloquer toutes les files
de circulation pour nous faire passer du bon côté. Ils nous font garer à l’endroit
où les véhicules se font fouiller sur une fosse.
Je pars faire les démarches aux
bureaux de Migración. Mais cela a l’air de poser problème et la douanière me
demande les actes de naissance des enfants. J’ignore encore pourquoi… Elle m’envoie
dans le bureau de son chef. Je le vois scanner les passeports comme à chaque
frontière et je vois une phrase rouge clignoter sur son écran et le chef se met
à grogner contre son ordinateur tout en gardant le sourire pour moi… Finalement, au bout de 20 minutes, je repars avec mes 4 passeports
tamponnés. Maintenant, il faut se rendre dans le bureau de Aduana pour les
formalités pour le véhicule. « Vous allez où ? » « à
Ushuaïa » « !!! ». Ben oui, c’est à 3200 kilomètres mais c’est
bien là où nous passerons notre prochaine frontière début novembre. Je suis au milieu d'argentins à priori en train de se justifier de leurs achats de dizaines de jeans et de consoles de jeux de marque Polystation achetés au Paraguay. Je repars
avec mon papier pour circuler sur le territoire argentin et à présenter aux
forces de l’ordre. Finalement, l'intérieur du camping-car n'est pas contrôlé.
Bon, nous avons passé deux
heures à franchir cette douane mais bon, on y est arrivé. La nuit est tombée et
nous cherchons un endroit pour dormir. Le contournement de Posadas ne nous en
laisse aucune possibilité. Nous roulons en direction de la prochaine ville mais
la prochaine est à 60 kilomètres. Nous les parcourons sans rien croiser, ni
parking, ni station service… puis nous nous posons dans une station YPF et
dormons bercés non pas par le bruit des chiens mais par celui du camion frigo
venu se garer à côté de nous… ça vous fait rêver ?
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