704 km parcourus du 19 au 25 octobre
9 309 km parcourus depuis le départ
Lundi 19 octobre :
Bon, pour ceux qui n'ont pas lu le dernier article, nous sommes là :
Nous passons une partie de la journée au chaud dans le camping-car à observer la neige tomber sur le parking de la station service YPF d’Ushuaia. Ecole et surtout wifi (enfin, une connexion correcte...) permettant la mise en ligne de l’article précédent nous occupent une partie de la journée. Dans l’après midi, nous avançons jusqu’au centre ville de la capitale de la province de Terre de feu. Nous stationnons à côté de plusieurs camping-cars français faisant un circuit organisé (quasiment le même circuit que le nôtre sans l’Equateur) mais en 80 jours !
La neige tombe en abondance. Quel bonheur de visiter cette ville australe dans ces conditions.
Ushuaia a des allures de stations de sport d’hiver de chez nous. De plus, de par sa destination ultra touristique, il y a tout ce qui va avec : resto, hôtels, magasins de babioles, centre d'artisanats...
La ville est construite sur un flanc de montagne venant tomber dans le canal de Beagle. Les rues perpendiculaires à ce canal sont sacrément pentues. Les trottoirs de celles-ci se transforment en escaliers.
Au milieu des bâtiments plus modernes, nous cherchons des traces plus anciennes d’habitations et trouvons des maisons en bois et en tôles ondulées. Certaines façades sont très colorées.
Pour nous réchauffer, je compte aller boire une pinte dans un pub irlandais mais malheureusement, celui-ci est fermé.
Nous passons devant la Capsula del Tiempo, un monument dans lequel ont été scellés en 1992 des disques vidéos et les enregistrements des émissions télévisées diffusées en 1992. Les générations à venir n’auront le droit de l’ouvrir qu’en l’an 2492...
En passant devant l’entrée du port, nous remarquons un panneau interdisant l’accostage aux bateaux anglais suite au conflit des îles Malouines qui oppose l’Argentine et la Grande Bretagne (voir dernier article).
A l’office de tourisme, nous trouvons même un dépliant fort bien fait expliquant pourquoi les Malouines sont argentines (ou devraient l’être...)
Dans ce même endroit, en tant que bons touristes, nous faisons tamponner nos 4 passeports d’un joli tampon souvenir du bout du monde !
Nous visitons le musée Yamana retraçant la vie de ce peuple indigène qui vivait en harmonie avec l’environnement local.
Les ancêtres des Yamanas sont arrivés au canal de Beagle il y a 4000 ans. Peuples de pêcheurs, ils se servaient de canoës sophistiqués dans lesquels ils arrivaient à allumer des feux sans faire couler la barque. C’est d’ailleurs une des explications du nom de cette région. Quand le navigateur portugais Magellan est arrivé en 1520, il aurait vu ces nombreux feux et aurait nommé cette région Terre de feu. Les Yamanas vivaient nus et s’enduisaient le corps d’huile et de graisse pour se protéger des températures glacées.
Retour au camping-car dans lequel il fait 10°. Nous nous enduisons nous aussi de graisse de lions de mer... Mais non, chauffage à fond et soirée crêpes nous réchauffent bien vite...
Mardi 20 octobre :
En début d’après-midi, nous roulons 7 kilomètres en direction du glacier Martial. Nous nous garons sur le parking au pied du télésiège permettant d’accéder un peu plus haut. La saison touristique n’étant pas commencée, celui-ci n’est pas encore en service. Nous voici donc partis à longer une grande pente enneigée et damée nous permettant de gravir 200 mètres de dénivelé pendant une heure. Les enfants sont ravis de marcher sur une telle couche de neige. C’est la première fois pour eux !
L’excursion complète vers le glacier n’est pas encore possible en raison de l’enneigement et à la lecture des guides et récits de voyages d’autres voyageurs, le glacier en lui-même n’offre pas grand intérêt. D’autant plus qu’il est recouvert en ce moment d’une épaisse couche de neige. La balade sur le glacier doit être plus impressionnante l’été. Au fur et à mesure de notre ascension, nous nous retournons pour admirer l’extraordinaire vue sur la baie d’Ushuaia et le canal de Beagle.
Arrivés au plus haut où nous pouvons aller, nous faisons un bonhomme de neige pour le plus grand plaisir des enfants.
En repassant devant peu de temps après, il a déjà été détruit par des enfants mais Victor n’a pas compris. Il se pose encore la question de savoir comment il est parti se promener...
En redescendant, je trouve un bout de planche qui me permettra de faire un peu de luge jusqu’au moment fatidique où je décide de continuer à pied.
De l’autre côté du canal de Beagle, c’est le Chili de nouveau.
Et c’est en fait sur cette grande île que figure la ville la plus australe du monde. Ce n’est pas Ushuaia comme on peut le penser mais Puerto Williams située sur l’autre rive du canal. Bon, comme vous êtes un peu perdu, voici une petite leçon de géo !
Sur la carte ci-dessus, en orange c’est l’Argentine, en beige, c’est le Chili. Pour ceux qui sont vraiment nuls, en bleu, c’est l’océan.
Nous avons suivi le trait bleu depuis le détroit de Magellan que nous avons traversé en bateau et sommes ainsi arrivés en Terre de Feu. Au-delà de l’immense archipel de Terre de feu, la plus grande île d’Amérique du sud est donc partagée entre le Chili et l’Argentine, il ne reste plus que l’Antarctique. C’est ici en Terre de feu que vient mourir la Cordillère des Andes. L’archipel de Tierra del Fuego est quasiment inhabité. La plus vaste des îles est l’île grande.
Pour accéder aux fjords et aux glaciers au-delà du canal de Beagle, voire des croisières de quelques jours en Antarctique qui nous font pourtant rêver, il faut débourser plusieurs milliers d’euros par personne. Nous allons donc continuer de rêver et profiter de l’extraordinaire chance d’être déjà ici...
Nous bivouaquons sur le parking du télésiège avec une superbe vue sur les montagnes autour de nous. Avec un peu plus de chance, nous aurions été bien tranquilles pour nous endormir s’il n’y avait pas eu une voiture-discothèque venue se garer près de nous avec ses boums-boums de sa musique à fond ! et bien évidemment une meute de chiens faisant résonner ses aboiements... Enfin, une boule Quiès dans chaque oreille et c’est parti...
Mercredi 21 octobre :
Ce matin, comme d’hab’, école. Anaïs avance bien dans son programme. Victor fait de gros progrès en lecture.
Quelques courses à Ushuaia, et nous voilà partis pour le parc national de terre de feu à 12 kilomètres du centre ville tout au bout de la RN3. Cette fameuse RN3, dont les 15 derniers kilomètres se pratiquent sur une bonne piste de terre trouve son terminus dans ce parc. Ce dernier longe la frontière avec la république voisine du Chili.
Après la petite leçon de géographie, voici un petit cours d’histoire... Dans ce parc national, plus précisément sur les côtes du canal de Beagle et sur les rives du lac Roca, on retrouve de nombreux sites qui ont été occupés par les indiens Yamanas, preuve de leur relation ancestrale avec la nature. Ils installaient leur campement sur les plages et profitaient ainsi des ressources de la mer. Ils se déplaçaient sur des petites barques construites avec des tiges et de longues écorces. Ils consacraient leur temps à la chasse au lion de mer et à la pêche aux moules. On retrouve tout au long des côtes des débris des coquillages consommés par eux. Leur habitat était des huttes provisoires faites de troncs et de branches. La disparition de ce peuple a un rapport direct avec l’arrivée des premiers colons européens vers 1880.
Parmi les causes de l’extinction de cette culture, on trouve en premier lieu les épidémies mais aussi le « tir libre » et l’empoisonnement pratiqués par les explorateurs européens. La population de Yamanas est passée de 3000 en 1880 à moins de 100 en 1910. La dernière descendante est décédée en 2003. Le peuple des Yamanas faisait partie des 4 groupes ethniques amérindiens présents dans la région ; les autres peuples étaient les Onas (au nord et au centre), les Haushs (à l’est) et les Alakalufes (à l’ouest).
Après une petite sieste et un petit tour au Centre des visiteurs très bien fait, nous prenons la RN3 qui traverse le parc pendant environ 10 kilomètres. Le long de cette piste, il y a quelques points de départs d’agréables randonnées assez courtes. Elles mènent soit à des lacs, soit à des lagunes, soit à des avancées du canal de Beagle dans le parc. Nous commençons par le paseo de la isla. Il permet de longer les rives du río Lapataia et du río Ovando. Les paysages traversés sont superbes.
Nous passons devant l’archipel des cormorans qui devaient avoir autre chose à faire que rester sur ce magnifique petit îlot. Nous observons quelques couples d’oiseaux aquatiques que sont les Canqué et également des cygnes blancs au cou noir.
La végétation du parc fait partie de la forêt subantarctique. Elle est composée d’hêtres, de steppes andines et enfin de tourbières. On trouve dans les sous-bois des arbustes épineux. Sur les sols humides, on aperçoit des fougères naines.
Au dessus de seulement 600 mètres d’altitude, la végétation andine est composée d’arbustes rampants, de plantes et de graminées qui poussent sur des sols rocheux. Cette végétation ne se résume qu’à cela en raison de l’exposition au vent.
Un peu plus loin, nous nous arrêtons au sentier de la laguna negra qui permet d’accéder à une tourbière en formation.
Les tourbières sont une spécificité de la Terre de Feu. La tourbe est composée de déchets végétaux. Ce processus se réalise seulement dans les zones humides et soumis à de basses températures, empêchant ainsi la décomposition des matériaux organiques. Dans ce milieu acide et sans oxygène, les plantes mortes s’accumulent et se compriment pour former la tourbe. Ces paysages, la souplesse du sol en marchant dessus, la couleur de l’eau qui selon les cours d’eau est parfois transparente, parfois teintée d’un ton brunâtre coulant dans ces tourbières nous rappelle étrangement l’Irlande.
Encore un peu plus loin sur la piste, nous parcourons un autre sentier menant à une Castorera. La faune de ce parc est composée en partie de castors.
Cette espèce a été introduite volontairement par l’homme en 1946 mais se révèle aujourd’hui être un véritable fléau pour la nature. Les 25 couples de castors se sont reproduits comme des lapins et on en compte aujourd’hui plus de 100 000 ! Ils sont responsables de dégâts considérables dans toute la Terre de Feu : forêts décimées, rivières détournées, inondations, destructions de routes... Ce sentier permet de découvrir l’impact causé par cette espèce exotique sur le parc. Les castors construisent des barrages sur des toutes petites rivières de quelques mètres de large. Ils détruisent pour cela une quantité incroyable d’arbres de 5cm de diamètre à environ 60cm de diamètre en les abattant grâce à leurs dents qui permettent de ronger le tronc jusqu’à temps que l’arbre tombe.
Ils arrivent en superposant des milliers de morceaux de bois, de branchages, d’herbes à construire un ouvrage quasiment étanche qui ne laisse qu’un filet d’eau passer. Ainsi, une grande étendue d’eau est retenue en amont du barrage. Ceci leur permet grâce à la profondeur de l’eau, de construire ensuite des huttes avec les mêmes matériaux en forme de pyramide dont seul le haut du dôme sort de l’eau. Ils accèdent à cette pyramide grâce à un ingénieux tunnel qui passe sous l’eau. Une des conséquences écologiques en plus de celle de tous les arbres abattus, est que tous les arbres encore debout meurent car ils ne supportent pas d’être inondés en permanence en raison du lit de la rivière qui s’est considérablement élargi. Par contre, nous ne voyons pas de castors car ils semblent avoir abandonné cette Castorera. De plus, étant donné que ce sont des animaux nocturnes, il serait encore trop tôt pour les voir.
Un couple de touristes français que nous avons déjà croisé hier rapidement sur le glacier nous interpelle : « depuis que je vous ai croisés hier, je me dis que je vous connais, vous n’êtes pas ceux qui voyagent en camping-car pendant un an en Amérique du sud ? car je suis déjà allé sur votre blog... ».
Nous continuons jusqu’au bout de la RN3. Ça y est, on l’a a eu, cette RN3. On en est arrivé au bout. Nous sommes à 3079 km de Buenos Aires ! et à 17 848 km de l’Alaska.
Nous bivouaquons sur le parking bien tranquille tout au bout du bout. Une chose est sûre, c’est qu’on n’aura pas de chiens cette nuit car ils sont interdits d’accès sur le parc...
Après avoir mangé et avant de se coucher, nous renfilons nos habits chauds et retournons à la tombée de la nuit, vers 20 heures, à la Castorera en espérant avoir plus de chances que tout à l’heure pour voir des castors. Nous ne verrons à 50 mètres qu’une petite tête sortir de l’eau et nager assez vite... mais c’est déjà suffisant pour que les enfants soient ravis de cette sortie nocturne !
Nous visionnons deux « C’est pas sorcier » sur l’exploitation du pétrole et sur les marées noires qui font bien écho avec ce que nous avons dernièrement vu dans la région de Comodoro Rivadavia. Nous apprécions d’avoir téléchargé cette vidéothèque avant le départ, ce qui permet de compléter et d’approfondir les visites que nous faisons.
Jeudi 22 octobre :
Aujourd’hui et demain, nous décidons de nous octroyer deux jours sans école pour faire une petite pause et puis pour profiter pleinement de ce parc où l’accès n’est autorisé que pour 48 heures.
Nous sortons du camping-car vers 10 heures et déjà quelques cars de tourisme sont là. Des français nous interpellent et nous discutons avec eux. Le moment est sympathique. Un monsieur nous demande si nous avons choisi ce « mode de vie ». Non, non, on nous l’a imposé !!! Leur guide assez sympa nous joint à leur dégustation d’une petite liqueur...
Nous partons sur la senda de la baliza, un petit sentier qui mène à... une balise. Le temps ce matin est magnifique. Rien à voir avec il y a quatre jours où nous sommes arrivés sous une tempête de neige... Aujourd’hui, tout comme hier, le vent s’est entièrement calmé mais par contre nous avons un grand ciel bleu. Ainsi les cimes enneigées se démarquent beaucoup mieux. C’est formidable.
Nous arrivons rapidement grâce à un petit réseau de passerelles en bois bien aménagées et de sentiers parcourant les tourbières à la Bahia Lapataia qui donne ensuite sur le canal de Beagle.
Nous faisons une halte mémorable dans un décor idyllique.
Un peu plus loin, nous voyons de nouveau les désastres causés à la nature par les barrages des castors.
Retour après deux heures de balade.
Nous reprenons le camping-car où le GPS nous dit enfin « faites demi-tour dès que possible... ». Nous rejoignons l’entrée du site et nous nous garons sur le parking après le camping près du lac Roca. Là aussi, le paysage est incroyable. Les eaux sont limpides et d’un calme...
Nous décidons pour la première fois de mettre à l’eau notre canoë gonflable. C’est parti pour une demi-heure de gonfleur et de mise en route quand au moment de se mettre à l’eau, un garde parc arrive et nous l’interdit. La raison invoquée est que nous ne pouvons pas naviguer sur le lac où la navigation est pourtant autorisée (c’est bien écrit sur le dépliant qu’on nous a remis à l’entrée...) avec un bateau qui ne vienne pas de Patagonie car nous risquerions d’y amener des algues nuisibles aux eaux de la réserve... Déçu, je dégonfle mon canoë... Nous nous rattraperons une prochaine fois. Nous ne le sortons pas souvent mais à chaque fois, nous apprécions d’en faire un petit peu. Les dernières fois, c’était sur les lacs du Connemara en Irlande ou bien dans la baie de Syracuse en Sicile...
Nous entamons donc une rando de 7 kilomètres qui longe les rives du lago Roca et ce jusqu’à la frontière chilienne.
Le sentier Hito XXIV passe dans une forêt avec une vue extraordinaire sur la rive opposée et ses monts enneigés. Mais la forêt a tristement été victime d’une tempête et une bonne partie de ses arbres centenaires en a souffert du moins sur les rives du lac. La balade se transforme par moments en un parcours d’escalade pour franchir certains arbres à terre, certains petits cours d’eau. A un moment du parcours, le paysage change et nous traversons un véritable chaos rocheux. Le flanc de la montagne s’est par endroit détaché et laisse un paysage désolé. Le parcours est acrobatique et Anaïs et Victor se débrouillent très bien.
Les arbres pour se défendre d’un champignon parasite (des petites boules jaunes), développent des protubérances qui sont exploitées par des artisans sculpteurs.
Nous arrivons en limite du parc national de Terre de Feu. Un petit panneau de bois sur le sentier et une balise métallique pour les plaisanciers signalent l’entrée au Chili. Les enfants sont ravis de transgresser la règle et de franchir symboliquement la frontière, le temps d’un pas !
Petite pause bien méritée sur la plage avant de faire demi-tour et c’est reparti pour 1h20 de rando. Nous arrivons au camping-car après 10 kilomètres dans les jambes aujourd’hui. Nous sommes fiers de nos grands enfants qui apprécient et se régalent de ce que nous avons la chance de découvrir. Ils sont enthousiastes autant que nous.
Nous nous attelons avec Audrey à réorganiser le rangement de la soute du camping-car. Nous en profitons également pour boucher les infiltrations dans le plancher, source d’entrée énorme de poussière dans l’habitacle et notamment dans les placards. Après chaque piste poussiéreuse, le meuble sous évier avec la vaisselle et rempli de poussières ! Nous jouons donc du pistolet à silicone et du scotch américain (ça ne vous rappelle pas quelque chose Laeti et Pascal !).
Évidemment, apéro ce soir : nous continuons à descendre notre bouteille d’apéritif à base d’infusion de feuilles d’artichauts que l’on mélange à du jus d’orange. C’est surprenant mais c’est bon...
Ce soir, c’est « la marche de l’empereur » sous la couette. N’allez pas vous imaginer certaines choses, il s’agit juste du film-documentaire que nous regardons en famille dans la capucine. Cela passionne nos deux enfants de voir l’histoire de ces manchots empereurs. Ils cherchent les différences et les ressemblances avec les pingouins de Magellan observés la semaine passée.
Vendredi 23 octobre :
Il est temps de sortir du parc national pour aller nous approvisionner en eau potable et en vivres. C’est bien beau de repousser au lendemain tous les jours la douche mais là, il faut y aller. Nous avons surtout bien profité des paysages fabuleux de ce parc mais d’autres aventures nous attendent !
Nous profitons de repasser à Ushuaia pour aller de nouveau à l’office de tourisme faire tamponner avec le tampon « Ushuaia, el fin del mundo », les cahiers de vie des enfants et le passeport de Dany le nain ! Nous profitons du passage sur le port de plaisance et de commerce. Ushuaia a en effet une zone franche sur son port et bénéficie ainsi d’exonération de frais de douane.
Puis, il est temps de faire quelques courses et de refaire tous les pleins. Nous profitons de passer devant l’usine de Sartini Gaz (au rond-point principal de l’entrée de la ville pour les futurs voyageurs) pour faire remplir nos 2 bouteilles de gaz.
Nous prenons la route vers le nord sur la RN3. Nous profitons des fabuleux paysages enneigés que nous avions vus à l’aller sous les flocons.
Nous nous arrêtons admirer les ouvrages des castors sur des petites rivières. Là aussi, les vallées sont décimées par les ravages créés par les barrages et les inondations qu’ils créent.
La vue sur les lacs est superbe en haut du col Garibaldi.
Quelques kilomètres après Tolhuin, nous nous engageons sur la piste RP18 en direction d’une estancia touristique où nous comptons passer la nuit et peut-être même faire du cheval demain.
Mais arrivés devant au bout de 25 km, nous trouvons un panneau « no entrar, propriedad privada ». Nous continuons pour trouver un endroit pour bivouaquer jusqu’à un nouveau panneau indiquant une autre estancia touristique. Mais celle-ci est fermée.
Pendant ce temps, les enfants passent devant avec nous comme c’est souvent le cas quand nous faisons de la piste. Ils adorent ! Victor s’amuse à compter les guanacos morts et séchant sur les clôtures qu’ils n’ont pas réussi à franchir... Et lui qui a toujours faim nous dit : « ça doit être bon le guanaco » ! Anaïs fait la grimace...
Nous continuons encore quelques kilomètres jusqu’à une autre estancia privée. Je m’arrête dire bonjour au proprio et lui demander si nous pouvons dormir dans un coin de sa propriété de plusieurs centaines d’hectares. Il me répond que non (dommage car l’endroit était sympathique) et m’indique un endroit où dormir en bordure du lac Yehuin. Nous y allons et nous avons bien fait car nous allons y passer quasiment 24 heures ! Bon, l’arrivée est un peu glauque car il s’agit d’un ancien hôtel abandonné, tout cassé, tout tagué... Mais bon, la plage du lac est très sympa et surtout la vue sur les montagnes enneigées est incroyable. Nous dormons à 5 mètres de l’eau au grand bonheur des enfants.
Samedi 24 octobre :
La nuit a été bien tranquille. Ce matin encore, nous avons un grand ciel bleu. Il fait 15°. Le vent est très calme. Une belle journée encore s’annonce. Pendant qu’Audrey reprend l’école après deux journées de pause, je profite de la proximité du lac pour faire la lessive et également pour laver mon camping-car qui n’avait pas été lavé depuis plus de 6000 km et qui en avait bien besoin.
Autour de nous, volent des bandurrías.
Ensuite, nous décidons de mettre le canoë à l’eau pour aller profiter de ce lac aux eaux limpides mais bien fraiches...
Après manger, nous allons pagayer devant ce superbe spectacle que la nature nous offre.
Nous récupérons sur le lac un ballon flottant appartenant à des petits argentins venus passer l’après-midi ici ; c’est l’occasion pour Anaïs et Victor d’échanger quelques mots et de passer le reste de l’après-midi à jouer.
Nous roulons l’après-midi pendant 180 km dont 75 km de pistes jusqu’aux deux postes de frontières argentins et chiliens que nous passons en fin de journée après avoir rempli le coffre fort des denrées alimentaires fraiches...
Nous bivouaquons au Chili, 500 mètres après le poste de frontière.
Dimanche 25 octobre :
Jolie vue ce matin au réveil.
Journée route avec 250 km ou plutôt piste par la n°257CH jusqu’à Bahía Inútil, une grande baie donnant sur le détroit de Magellan. Nous mangeons de la poussière même si le camping-car paraît un peu plus étanche, du moins dans les placards. Par contre, l’opération nettoyage de la carrosserie d’hier s’avère avoir été du temps de perdu...
Nous voyons toujours des moutons qui vont bientôt aller faire un tour dans les immenses hangars de tonte à moutons.
et des guanacos...
Nous faisons une halte au Parque Pingüinos Rey sur la piste Y85.
Ce lieu abrite l’unique colonie d’Amérique du sud de manchots royaux. Les autres vivent dans l’Antarctique et autour de nos îles françaises lointaines, Kerguelen et Crozet. Autant dire que nous ne sommes pas prêts d’en revoir.
Cette visite est d’autant plus intéressante que cette espèce ressemble étrangement aux manchots empereurs dans le film que nous avons vu il y a deux jours, « La marche de l’empereur ». Ils ont de nombreuses spécificités en commun.
Il s’agit de la 2ème plus grande espèce de manchots (sur un total de 18). Ils mesurent en effet 60 à 70 cm. Les manchots de Magellan que nous avions vus à Valdés et à Punto Tombo mesuraient 45cm. Les Pingüinos Rey sont arrivés ici il y a 8 ans et y viennent s’y reproduire chaque année. Ils trouvent en effet de quoi se nourrir dans les eaux de la baie et du détroit de Magellan. La population est d’environ 70 animaux. Ils sont majestueux et la couleur orange de leur bec et de leur cou est éclatante. Nous sommes à la période où, comme chaque année, ils muent et changent leur plumage. Ensuite, les couples vont se former avant de se reproduire.
Nous ne pouvons les approcher à moins de 20 mètres. Aussi, une longue vue prêtée par le garde nous permet de bien en profiter.
Nous reprenons la piste Y71 et longeons sur 100 km, la Bahía Inútil qui est superbe.
Les eaux bleues intense se démarquent très bien de la Cordillère des Andes toute blanche sur l’autre rive. Les montagnes paraissent de plus en plus hautes et de plus en plus enneigées.
Sur les bords de la piste, nous voyons de nombreuses baraques de pêcheurs et un petit village de cabanes de tôles semblant abriter des familles pour y vivre.
Nous arrivons à Porvenir pour y prendre le ferry qui va nous permettre de quitter la Terre de Feu et de rejoindre Punta Arenas. Le village de 5000 âmes paraît bien agréable. Les maisons colorées construites de tôles et de bois sont très jolies.
De nombreux panneaux à chaque carrefour sont là pour nous rappeler que nous sommes sur une faille sismique.
Nous faisons un peu de repérage sur le port. Nous avons juste le temps de faire un aller retour à la Laguna de los Cisnes classée Monument Naturel pour abriter des flamands roses. Nous y allons et y voyons deux canards.
Retour sur le port une heure avant l’embarquement et achat des billets à la guichetière qui sous estime certainement le poids de notre véhicule (moins de 2,5 tonnes) et ne nous compte pas les places des enfants (pourtant, on ne les a pas cachés dans la capucine !). C’est donc 50€ au lieu du double !
Embarquement et départ à 19h30 de ce petit port bien tranquille. Nous quittons la Terre de Feu.
C’est parti pour 2h30 de traversée du détroit de Magellan. Nous sommes ravis de pouvoir bien en profiter car à l’aller sur l’autre traversée de 20 minutes, nous étions derrière des vitres toutes sales et nous n’avions pas vu grand-chose du détroit. De plus, la mer était bien agitée et nous étions plus concentrés sur notre estomac.
Aujourd’hui, la mer est d’huile, le temps est clair et il n’y a pas de vent. Enfin, les températures sont fraiches tout de même en fin de journée.
Victor monte sur une passerelle observer le capitaine derrière une vitre. Un matelot arrive, ouvre la porte et nous propose de rentrer dans le poste de pilotage. D’un coup, les yeux des enfants se mettent à briller !
Nous longeons la péninsule de Brunswick, c’est à dire l’extrême partie continentale chilienne. Au-delà, c’est l’Antarctique.
Le reste de la traversée est superbe avec un splendide coucher de soleil.
Une fois le soleil parti se coucher derrière la Cordillère des Andes, le ciel s'illumine de 1000 feux.
Nous apercevons à la nuit tombante vers 21h30 les lumières de la ville de Punta Arenas.
Nous débarquons et allons bivouaquer sur le parking du musée abritant le Nao Victoria, reproduction fidèle d’un des 5 navires de l’expédition de Magellan. Visite au programme de demain et suite dans la prochaine newsletter...
En attendant, ne ratez pas l'épisode 10 de Dany le nain !
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