Mercredi 13 octobre :
Nous profitons d’avoir dormi sur
le parking de Punta Tombo pour aller de nouveau, avec le même billet que la
veille, voir la colonie de manchots de Magellan.
Ils semblent plus endormis qu’hier soir mais au fur et à mesure de notre promenade, ils se réveillent et vont prendre le petit déjeuner à la mer. Certains ont jusqu’à 1 kilomètre à parcourir depuis leur terrier.
Nous en profitons pour refaire
tranquillement la visite du centre des visiteurs que nous avions rapidement
visité la veille pensant devoir reprendre la route avant la nuit.
Nous prenons la route en fin de
matinée. Par chance, la niveleuse, ce gros engin de travaux de terrassement a
bien travaillé sur la piste et celle-ci est en bien meilleur état que la
veille. Puis, une fois le goudron rejoint, nous faisons une pause pour
déjeuner.
Nous voici sur la fameuse route RN3
reliant Buenos Aires à Ushuaia soit une distance de 3090 kilomètres. Nous
l’avons déjà pas mal empruntée mais à présent, elle devient d’une monotonie déconcertante.
Nous programmons le GPS sur notre étape de ce soir, que nous comptons faire à
Comodoro Rivadavia. Il nous indique tout droit pendant 327 kilomètres. Et il ne
se trompe pas. C’est tout droit mais vraiment tout droit. Il n’y a rien, pas de
village. A quelques dizaines de kilomètres d’écart, il y a un portail donnant
accès à une estancia au bout d’un chemin parfois long de plus de 10 kilomètres.
La végétation se résume à quelques arbustes de 1 mètre de haut au maximum. Il
n’y a quasiment pas d’élevage. Ça et là, 2 ou 3 moutons, 2 ou 3 chevaux, 2 ou 3
guanacos. La densité est de 2 habitants au km².
Sur le bord de la route, nous voyons de nombreux petits ou grands sanctuaires.
Nous approchons de Comodoro
Rivadavia, la route devient sinueuse. Nous montons à 250 mètres d’altitude.
Enfin des paysages vallonnés, avant d’arriver sur un plateau et de nouveau de longues
lignes droites. Longue descente de 15 kilomètres sur la plus grande ville de la
province de Chubut avec ses 175 000 habitants. Nous arrivons au bout de
cette grande province, grande comme trois fois l’Irlande. Comme à chaque
changement de province en Patagonie, nous tombons sur un nouveau contrôle
phytosanitaire. Suite aux derniers, nous décidons cette fois de ne rien cacher
dans le coffre fort et de garder le frigo et le bac à légumes remplis. Nous
nous faisons arrêter et devons répondre à un interrogatoire souriant:
« où allez vous, d’où venez vous, où êtes vous entrés dans le pays,
combien de temps voyagez-vous ?... ». Mais bon, pas de contrôle de
nos denrées alimentaires.
La ville de Comodoro Rivadavia
n’est pas très jolie ni très agréable à circuler. Nous trouvons difficilement
un endroit pour stationner. Finalement, ce sera pour ce soir un petit parking sur
un terrain vague en bord de mer à un gros carrefour avec pas mal de
circulation.
Jeudi 14 octobre :
La ville se situe au cœur d’une
région productrice de pétrole. Elle est entourée de 5000 puits.
Nous allons
visiter l’intéressant musée du pétrole bien que seule la partie extérieure
puisse actuellement être vue, le reste étant en travaux. Nous voyons tout de
même de nombreuses machines d’exploration de gisement et d’exploitation de
pétrole, y compris les premières fonctionnant au charbon.
L’exploitation remonte ici en 1907 et nous voyons l’emplacement précis du premier gisement. Le personnel du site nous montre un bocal contenant du pétrole brut.
Ensuite, nous profitons d’une
bonne connexion wifi du musée pour se mettre à jour sur le blog. Et puis
aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Victor ! Il a 6 ans !! Nous
passons donc un agréable et long moment avec la famille en France sur Skype à
souffler les bougies du brownie au
chocolat et ouvrir les cadeaux en direct avec les grands-parents. Génial !
Et puis tata Christelle a préparé de son côté un gâteau avec des bougies que Victor a soufflé malgré les 12 319 kilomètres qui nous séparent... Comme pour sa sœur il y a quelques semaines, il a réussi à les éteindre (et cette fois-ci, ce n’est pas tonton Laurent qui a soufflé car il n’était pas là !).
Nous prenons aussi le temps de lire à
notre grand garçon les nombreux petits messages qu’il a reçu en ce grand
jour !
Nous ne prenons la route qu’en
fin d’après midi et roulons de nouveau sur la RN3. Au début, la route est
agréable. Nous longeons la mer puis le paysage est vallonné.
Mais par la suite, elle
devient... encore plus monotone qu’hier. J’indique une station service repérée
sur le GPS à 200 kilomètres de là. Le GPS m’indique : « tournez à
droite dans 200 kilomètres ».
Nous arrivons à Fitz Roy pensant y
trouver une ville. En fait, ce point sur la carte se résume à une station
service avec autour quelques maisons.
Vendredi 15 octobre :
Dans le GPS, je rentre la
destination espérée de ce soir, Puerto San Julian et là : « tournez à
droite dans 300 kilomètres ». Nous sommes dans la province de Santa Cruz,
grande comme tout le Royaume Uni. La densité est de 1 habitant au km² en
incluant la capitale Río Gallegos qui compte pourtant 1/3 de la population. Si
on ne tient pas compte de cette capitale, on ne trouve plus que 0,7 habitant
par km². Et on ne l’a pas trouvé... Aujourd’hui, il y a encore moins de choses
qu’hier à voir. La végétation réduit en taille mais aussi en densité. Les
arbustes se sont transformés en graminées inégalement répartis. Le paysage est
plat. L’horizon est bien loin. Sur la route, nous croisons très peu de voitures
et un peu de camions. La route est très très très droite.
On écoute Les Têtes
Raides en boucle sur l’autoradio (Merci Eric pour ton I Phone qui nous sert de
lecteur MP3 !). La route est droite (oui, je l’ai déjà dit mais là, elle
est encore plus droite !). Pour me consoler dans ce long moment de désarroi,
Audrey prend soin de moi et me prépare tout en roulant un petit café.
Soudain, un mirage ? Non, ce
sont de vrais virages...
Ah non, il n'y en avait que deux.
Heureusement pour couper la route
aujourd’hui, une jolie halte s’offre à nous. Nous faisons un détour de 50
kilomètres pour aller au Monumento Natural Bosque Petrificado. La piste empruntée
est caillouteuse et assez cassante pour notre monture et notre dos.
Par contre,
le paysage au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la RN3 devient fascinant.
Nous
voyons au loin jusqu’à nous en approcher une superbe chaîne de montagnes aux
couleurs magnifiques et aux formes surprenantes.
Au bout d'une heure, durant laquelle nous
avons vu et réussi à éviter de nombreux guanacos sur la piste, nous arrivons à
l’entrée du parc national des arbres pétrifiés.
Mais avant d’entamer la visite,
il est temps de donner à manger à Victor... car il recommence à embêter sa
sœur. Au menu, les superbes langoustines achetées sur le port de Rawson... avec
un petit Malbec...
Le garde du parc nous présente l’intéressant musée expliquant le phénomène de pétrification des
arbres.
Cela remonte à 150 millions
d’années pendant la formation de la cordillère des Andes. Une violente tempête
avec des vents à 300 km/h due à une éruption a couché toute une forêt de
conifères (Araucaría Mirabilís) dans le même sens. Ces arbres avaient une
hauteur de 40 mètres et un diamètre de 1 à 3 mètres. Grâce au climat chaud du
Jurassique et à l’humidité apportée par le Pacifique, cette forêt qui
recouvrait la Patagonie était âgée de 1000 ans. Ils ont ensuite été recouverts
par une couche de poussières et de cendres volcaniques sur une hauteur de 15
mètres. En raison de l’éloignement de la cordillère, ces cendres ont eu le
temps de refroidir avant de retomber à terre et ainsi, elles n’ont ni brûlé ni
calciné le bois. Pendant des millions d’années, ces arbres sont restés
recouverts sans se décomposer en raison du manque d’oxygène. La pluie en se mêlant à la cendre, se chargea
de sels minéraux qui pénétrèrent dans le tissu végétal jusqu’à s’y substituer. La
structure de l’arbre a été cristallisée. Par la suite, le niveau de la mer
montant et descendant au fur et à mesure des millénaires ainsi que l’érosion
par la pluie et le vent ont fait disparaitre ces couches de cendres laissant
apparaître ces arbres de pierre aujourd’hui. Le site a été découvert au début
du 20ème siècle alors qu’étaient effectuées des recherches de
gisements pétroliers. Ces arbres fossilisés sont les plus grands du monde. Voilà
pour la petite leçon de géologie.
Ce site est vraiment
exceptionnel. Les arbres transformés intégralement en pierre sont magnifiques.
Les détails du veinage, de l’écorce, des nœuds sont impressionnants. Sans les
toucher, on ne saurait deviner qu’il s’agit de pierre.
Beaucoup d’arbres sont à ciel
ouvert mais on en devine plein d’autres dont seulement un petit bout dépasse du
sol.
Ce site nous a beaucoup plu
d’autant plus qu’il est au cœur d’un paysage montagneux de rêve.
Nous discutons avec le garde du
parc et nous le questionnons sur son mode de vie, ici, si reculé de tout. Il
nous explique qu’il vit sur place et qu’il va à la ville à 230 kilomètres (dont
50 de pistes) de là une fois par mois. Autant de kilomètres pour le retour bien
entendu... Ici, hors saison, il ne voit pas grand monde car ce lieu de visite
est beaucoup trop excentré des circuits de visites touristiques habituels et ne
concerne que les touristes motorisés et il n’y en a pas beaucoup en Argentine,
compte tenu des distances à parcourir. Nous devons être les 4 seuls visiteurs
de sa journée. Nous croyons en voir d’autres arriver mais non, il s’agit d’un
pick-up venant l’approvisionner en eau potable.
Il est temps de reprendre la
route car nous espérons encore faire 260 kilomètres et ce n’est pas gagné. Nous
commençons tout d’abord par les 50 kilomètres de ripio avant de reprendre
l‘ennuyeuse RN 3. Même le logiciel du GPS plante tellement il s’ennuie.
Sur la route, nous voyons
encore ces fameux panneaux qui décorent le bord des routes de toute
l’Argentine : « Malvinas por siempre Argentinas ».
Nous ne sommes
qu’à 550 kilomètres de cet archipel. Pour les argentins, les Malouines sont
argentines. L’Argentine ne cesse de revendiquer l’archipel depuis son
occupation par les britanniques en 1833. Mais la population des Falklands est
exclusivement british. Et ce territoire est reconnu par la communauté
internationale comme appartenant à la Grande Bretagne. Les enjeux autour de
l’exploitation du pétrole au large de l’archipel ne font que raviver les
tensions. En 1982, l’Argentine envoie ses troupes occuper les îles Malouines.
Défaite de l’Argentine qui perd 600 hommes. Nous voyons beaucoup de monuments
aux morts de la guerre des Malouines. Il est étonnant de voir que sur les
cartes routières ou mappemonde achetées ici, les Malouines sont marquées
« Arg.» alors que sur les guides touristiques ou cartes imprimées ailleurs
qu’en Argentine, elles sont marquées comme appartenant à la Grande Bretagne. La
météo argentine présente tous les jours celle des Malouines.
Nous arrivons en fin de journée à
la station service YPF de Puerto San Julían pour y passer la nuit.
Vendredi 16 octobre :
Aujourd’hui, nous prévoyons d’en
finir avec cette redoutable RN3 mais nous avons 460 kilomètres à faire. Nous
partons de bonne heure ce matin. Mais nous allons d’abord nous dégourdir les
jambes et prendre un peu d’air frais sur une plage au nord de Puerto San
Julían. La piste empruntée est un peu limite.
En repartant, dans cet endroit
improbable, nous croisons nos voisins de Saintes, Martine et Francis, que nous
avions rencontrés à Puerto Madryn.
La route est tellement droite
qu’Audrey fait les devoirs avec Anaïs et Victor pendant la route en passant à
l’arrière avec eux.
Bon, je pourrais vous faire un copier-coller du texte des
deux jours précédents pour vous reparler de la monotonie mais je vais vous en
dispenser car la route est toujours droite, et on écoute toujours les Têtes
Raides... Aujourd’hui, nous n’avons traversé sur cette distance qu’un seul
village et à la fin du parcours, Río Gallegos qui est la capitale de la
province de Santa Cruz. Autant vous dire qu’il faut bien calculer pour l’autonomie
en gasoil car les stations se trouvent dans les villes. Il y a donc une station
tous les 200 kilomètres.
Allez, voici un petit aperçu de cette fameuse RN3 :
Sur le bord de la route, nous
voyons de jolies lagunes dans lesquelles nous apercevons des flamands roses.
A la différence du reste de la
RN3, le vent est ici terrible. Il est latéral et vient de l’ouest.
Il est vraiment
d’une force à faire envoler les pauvres guanacos errant dans cette steppe. La
conduite est vraiment très compliquée avec la prise au vent et le volume que
nous devons déplacer. Nous avions battu notre record il y a quelques jours à
14l/100. Aujourd’hui, le record est pulvérisé. Nous avons consommé presque
17l/100 sur la journée d’aujourd’hui. Incroyable ! Heureusement, le litre
n’est qu’à 11 pesos (contre 14 dans le nord du pays) et avec notre taux de
change favorable, cela ne revient qu’à 0,75 € le litre. Et encore, la vitesse
est plafonnée à 80 km/h. Je ne peux pas aller au-delà. Le camping-car ne veut
pas de la 6ème vitesse. J’ai beau avoir avec mon métier de
l’endurance à la conduite, celle-ci est éreintante. Je dois m’arrêter faire une
sieste car je ne tiens plus.
Ah oui, je ne vous ai pas raconté
ce qu’on a vu aujourd’hui...
Et bien, rien... Juste quelques guanacos, mais la
majorité étaient dans un état de décomposition très avancé. Soit ils se font
renverser par les véhicules, soit ils se prennent les clôtures de fil de fer longeant
la route. Ils meurent donc dessus et sèchent comme du linge accrochés à ce fil.
C’est glauque mais c’est ainsi. Je vous épargne les photos... Au bord de la
route, nous trouvons de nombreux squelettes de ces pauvres bêtes.
Nous nous attendions à trouver
des troupeaux de moutons mais en fait, il n’y aurait personne pour s’en
occuper ! Les estancias sont encore plus espacées qu’un peu plus au nord
de la Patagonie. De temps en temps, un petit panneau en indique une mais on ne
la voit pas car il reste encore 20 ou 30 kilomètres de chemin à prendre pour y
arriver à partir de la route !
La végétation est de plus en plus
rase (si, si, c’est possible !) Il y a bien longtemps que nous n’avons
plus vu un arbre.
Mais qu’elle est longue cette
route ! Qu’il est loin, ce bout du monde qui nous fait rêver depuis de
nombreuses années ! On va bien y arriver quand même. Allez, plus que 600
kilomètres pour arriver à Ushuaia...
Nous comptions faire une étape au
Parc Nacional Monte Leon mais malheureusement, il n’ouvre que pour la saison
qui ne commence que dans une semaine. Péniblement, nous arrivons à Río
Gallegos, dernière grande ville que nous allons traverser avant de passer
demain la frontière chilienne. Evidemment, plein de gasoil, récupération de
mails car nous avons passé la journée sans réseau GSM.
Nous continuons pendant quelques
dizaines de kilomètres et bivouaquons à la Laguna Azul.
Cette lagune est nichée dans le
cratère d’un volcan. Cette exceptionnelle
couleur est due à la profondeur des eaux de 50 mètres. Malheureusement, la lumière de fin de journée ne nous
permet pas de voir les reflets bleus de l’eau remplissant ce cratère. Tant pis, nous reviendrons demain matin.
Samedi 17 octobre :
En fin de matinée, après l'école, nous
retournons faire un petit tour à la Laguna Azul. Le temps est couvert. Nous ne
nous rendons toujours pas vraiment compte du bleu de la lagune. Le site reste cependant superbe.
Nous descendons au creux du cratère en espérant que le volcan reste
encore un peu endormi le temps de la balade, sinon ça va faire un asado de
Mollalpagas...
Nous jouons tous les 4 à disposer
des pierres de lave et écrire notre nom de voyageurs en espérant qu’il se voit
lorsque nous remonterons en haut.
Nous passons un très agréable moment sur ce
site. Autour du cratère, de longues coulées de lave recouvrent les champs
alentours.
Nous sommes à 10 kilomètres de la
frontière chilienne. Et oui, pour aller en Terre de Feu, nous sommes obligés de
passer un petit bout au Chili, avant de revenir en Argentine. Il s’agit de
terminer tous les produits frais du frigo et du bac à légumes car il est
interdit d’en entrer au Chili.
Après le repas, il est temps de
prendre la route.
Nous arrivons rapidement au poste de frontière d'Integración Austral.
Il me faut environ 45 minutes
pour passer celle-ci. Il faut passer à 5 comptoirs différents mais c’est assez
bien organisé. Sortie d’Argentine et entrée au Chili pour nous 4 et pour le
véhicule avec comme pour chaque pays une autorisation temporaire de circuler. Le
contrôle sanitaire est réalisé par un monsieur sympathique, fier de nous dire
quelques mots en français. On ouvre frigo et placards. Il vérifie qu’il n’y a
aucun produit frais d’origine animale ou végétale. Rien à déclarer (pour de
vrai... mais si !)
Nous quittons provisoirement la
RN3. Nous sommes à 2674 kilomètres de la capitale Buenos Aires.
Nous empruntons
la Ruta del fin del mundo (pas besoin de traduire Guillaume ?) et arrivons
rapidement au détroit de Magellan.
L’attente pour entrer sur le ferry n’est pas
longue. Pour les prochains voyageurs, le paiement se fait directement en
espèces sur le bateau (20 000 pesos chiliens ou 550 pesos argentins). La
traversée dure 20 minutes sur un détroit aux eaux très agitées (20 minutes...
Audrey a trouvé ça suffisant...).
Pour descendre du bateau, j'apprécie de pouvoir gonfler mes suspensions pneumatiques afin de ne pas arracher mon pare choc
arrière. Nous débarquons sur la Terre de feu ! ça y est, nous y sommes...
Puis nous revoici sur la route
pour parcourir environ 250 kilomètres jusqu’en Argentine. Les paysages sont
magnifiques, désolés de tout. Mais rapidement, le goudron laisse sa
place à une mauvaise piste à notre grande surprise.
Nous sommes sur la route
principale vers Ushuaia et nous ne pensions pas trouver du ripio ici. Elle est
bien cassante et pas très agréable pour le chauffeur et ses passagers qui ne
s’entendent pas parler. La végétation s'est transformée un tapis herbeux épais. Les couleurs sont superbes.
De temps en temps, un toit rouge ou vert
d’une estancia apporte une jolie touche de couleur.
Nous voyons plus de
moutons, de vaches et même un zorro. Nous sentons le printemps arriver avec tous ces petits veaux et agneaux.
Il y a très peu de fréquentation sur cette route de fin
du monde. Nous ne croisons quasiment pas de voitures, juste quelques très longs
camions. Puis nous arrivons au poste de frontière chilien perdu au milieu de rien.
Le passage du poste de frontière argentin de San Sebastián se fait bizarrement 15 km plus loin. Et bien, en quelques heures, ça nous fait 4 tampons sur le passeport pour toujours être en Argentine.
Nous retrouvons l'enrobé et la fameuse RN3 argentine que nous décidons de poursuivre jusqu'à Río Grande à 80 km de là malgré la nuit qui tombe mais la route est parfaite et surtout, le vent s'est calmé. Les paysages sont toujours superbes, de même que les estancias avec leurs grands hangars de tonte à moutons.
Nous tournons un peu en rond dans Río Grande en espérant trouver une station service qui nous offrirait le wifi pour mettre cet article en ligne mais les connexions internet sont de très mauvaises qualités et très instables dans ce coin de l'Argentine. Nous laissons tomber pour ce soir.
La ville est très bien arrangée, très propre contrairement aux alentours d'autres villes pourris par les sacs poubelles qui volent. Ou bien alors, il y a tellement de vent ici qu'ils sont déjà partis en mer. La ville n'est pas polluée visuellement par les milliers d'affiches des candidats aux prochaines élections régionales et présidentielles, comme c'est le cas à Río Gallegos ou dans bien d'autres villes traversées. Il y a également de jolis quartiers aux maisons bien arrangées. Là encore, nous voyons de nombreux monuments en hommage aux soldats morts pendant le conflit des Malouines. Río Grande a en effet servi de base militaire lors de ce dernier.
Aujourd'hui, 2 bonnes raisons pour boire l'apéro : c'est le 69ème jour de voyage et nous sommes en Terre de feu, cet endroit mythique !
Dimanche 18 octobre :
Petite matinée habituelle suivie d'un plein de courses car nous avions vidé le frigo pour passer au Chili. A savoir pour les voyageurs qui nous suivent que l'entrée en Argentine à cette frontière patagonienne n'accepte pas non plus l'entrée de produits frais (nous n'avons pas été contrôlés).
Puis nous entamons les derniers 200 kilomètres nous séparant de notre objectif : Ushuaia ! Le vent, au début du parcours est très violent et m'oblige à rouler en 4ème...
Petite pause gasoil dans la seule station mal ravitaillée. Tant pis, nous ne mettrons pas la qualité Euro (gasoil importé d'Europe et de meilleure qualité que le gasoil local). Nous en profitons pour tenter une nouvelle connexion internet qui fonctionne très bien pendant 6 minutes. Un peu juste pour vous faire profiter de cet article.
Les paysages traversés deviennent cramés par le vent. Malgré la présence de nombreux ruisseaux et de petites étendues d'eau, l'herbe est jaune comme après un bel été bien sec chez nous.
Puis enfin, nous voyons quelques arbres, puis des forêts. Au départ, celles-ci sont brûlées par des incendies. Les arbres morts mais encore debout sont recouverts d'une épaisse couche de lichen. Puis nous apercevons quelques montagnes des sommets enneigés !
La route longe le lago Fagnano. Autour de nous, trônent des sommets entre 800 et 1500 mètres.
Puis la route devient montagneuse et monte à un petit sommet à 450 mètres d'altitude. Nous surplombons deux superbes lacs que nous venons longer dans la vallée, le lago San Ricardo et le lago Escondido.
Les bords de la route et les sous-bois sont recouverts d'une épaisse couche de neige. Des flocons tombent et émerveillent Victor qui n'a pas souvent vu la neige tomber.
Les 40 derniers kilomètres sont également magnifiques. La lumière qui arrive à traverser les nuages donnent une ambiance particulière à ces monts enneigés tombant dans les lacs.
Nous tombons sur les premières stations de ski. Nous nous réjouissons de voir un tel paysage surtout après les immensités désertiques que nous avons traversées ces derniers jours. Nous n'imaginions pas une si belle arrivée ici avec des paysages aussi
montagneux, aussi boisés, aussi enneigés, aussi merveilleux. Que de changement de paysages et de climat en quelques kilomètres. Il fait super froid. Enfin, nous entamons la descente vers... le bout du monde et arrivons en fin d'après-midi à Ushuaia.
Une station à l'entrée de la ville nous permet de vous donner ces quelques nouvelles très fraiches.
Nous avons parcouru 8288 kilomètres depuis notre arrivée en Amérique du sud. Depuis le nord de l'Argentine, suite à notre passage aux chutes d'Iguazú, nous avons parcouru 5809 kilomètres, l'équivalent d'un aller-retour Paris/Moscou...
Article précédent : Argentine du 9 au 12 octobre : Puerto Madryn, Gaimán, Rawson, Isla Escondida, Punta Tombo
Retour à la page Argentine