1 684 km parcourus du 11 au 17 novembre
12 031 km parcourus depuis le départ
Mercredi 11 novembre :
Nous quittons donc ce matin le parc national Los Glacieres de la Patagonie Australe. Ces glaciers resteront dans le TOP 3 du voyage pour l’instant avec les chutes d’Iguazú et l’observation des baleines sur la péninsule Valdés.
Une grosse journée de route nous attend. Aussi, comme la première partie est belle, Audrey passe dès 8h30 avec les enfants à l’arrière (dans la salle à manger !) pour prendre son rôle de maîtresse pendant que moi, je me concentre pour ne pas me laisser divertir pas les eaux turquoises du lac Viedma sur ma droite, les montagnes et le Fitz Roy qui s’éloignent dans mon rétroviseur, les quelques guanacos qui traversent la route, et surtout par cette ligne droite de 100 km avant de rejoindre la fameuse ruta 40. C’est chose faite au bout de seulement une heure. Le vent dans le dos et des pointes à 120 me permettent de décrasser un peu le moteur. Le camping-car sourit de revoir un long ruban d’asphalte !
Pas grand-chose à vous dire sur la 40 si ce n’est qu’il n’y a rien. Elle est juste un peu moins monotone que la ruta 3 que nous avions prise pour descendre en Terre de Feu sur des centaines de kilomètres. De ce côté ci, il y a en effet quelques collines et quelques belles courbes pour les contourner qui cassent un peu la monotonie de ces quelques 600 kilomètres. Sur cette distance, nous avons traversé une seule ville de 7 000 habitants, Gobernador Gregores. Nous espérions d’ailleurs y trouver une bonne connexion wifi pour la mise à jour du blog mais non... A peine juste de quoi récupérer les mails. Sinon, nous sommes passés dans seulement deux hameaux, Tres Lagos et Bajo Caracoles où toute la vie locale se concentre autour de la station service-hôtel-café-restaurant-épicerie. On se demande vraiment comment font les habitants pour vivre ici, si reculés de tout, où les villes les plus proches sont à 200 km.
La monotonie est aussi cassée par les eaux turquoise du lac Cardiel et surtout par la piste car même si la ruta 40 est en train d’être asphaltée, il reste encore 70 km de ripio entre Tres Lagos et Gobernador Gregores. Celui-ci est quand même en bon état (prise par temps sec) et la piste de terre permet de rouler entre 50 et 80 km/h selon les portions.
Sinon, nous avons croisé aujourd’hui sur 600 kms :
- Une vingtaine de voitures (au grand maximum)
- Un bus
- Un camion
- Un renard
- 3 pichi patagónico (tatou)
- Les restes d’une carlingue d’avion
- 1 WC
- Des guanacos
- Une vache
- Des voyageurs qui font la 40 en moto, en vieille voiture, en vélo... C’est un peu la 66 des States !
Voici, quelques photos pour résumer cela.
Cela fait 10 heures que nous sommes en train de rouler. Les 40 derniers kilomètres se font sur une piste juste après Bajo Caracoles pour nous diriger vers la Cueva de los Manos. Les paysages traversés avec cette lumière de fin de journée sont superbes et donnent une vision de Western avec l’approche de canyons et de montagnes magnifiques.
D’un coup, nous arrivons en haut d’un chemin qui serpente pour descendre au cœur du canyon, le Cañadon de río pinturas.
Pour les lecteurs de ce blog qui ont déjà eu la chance d’aller chez Driss à Fint (je pense à Maïté et Morgan, Babeth et Jean-Marc, Lucette et Daniel, Christelle et Laurent, Ella et Mattéo, Anne, Alexandre), c’est un peu la même impression que quand on arrive dans ce petit oasis du sud marocain. Une vallée d’un vert éclatant serpente au pied de roches ocres. L’endroit est paradisiaque.
Nous bivouaquons dans le dernier virage avant d’arriver à l’entrée du site et nous avons une vue extraordinaire... Je dis à Audrey que je pense que c’est un de nos meilleurs bivouacs. Elle me répond qu’on dit ça à chaque fois. Ce n’est pas faux...
Bien évidemment, ce soir, on boit un bon apéro et pendant le repas, notre regard alterne entre l’écran du PC où défilent en diaporama les photos du jour et en arrière plan, le merveilleux paysage.
Ce soir, comme nous sommes mercredi, nous nous offrons même une petite liqueur de dulce de leche une fois les enfants couchés en contemplant la nuit tomber sur cette merveilleuse vallée.
Jeudi 12 novembre :
Au réveil, Anaïs et Victor nous rejoignent dans la capucine et nous admirons le fabuleux paysage qui s’offre à nous. Le soleil levant éclaire juste la vallée verte et c’est superbe.
Nous décidons de décaler un peu l’école ce matin et d’aller visiter dès 9 heures le site de la grotte des mains, avant que les touristes n’arrivent. Et nous avons bien fait, car une fois la visite terminée, les minibus étaient là !
Nous découvrons ce site à ciel ouvert qui s’étend sur un petit sentier accroché à la colline sur 600 mètres de long.
Nous avons la chance d’avoir pour la visite guidée, Natalia, qui est très intéressante et passionnée par son métier. Ce site abrite les plus belles peintures rupestres de Patagonie, estimées entre 3 000 et 10 000 ans d’âge. Ici, se sont donc succédés pendant plus de 8 000 ans, plusieurs groupes nomades qui ont peint sur les murs quelques 2 000 mains.
Ils ont aussi peint de nombreuses scènes de chasse et des guanacos.
Les représentations plus récentes qui ont environ 5 000 ans ont des formes plus géométriques.
Les peintures à l’abri des rayons du soleil sont extrêmement bien conservées. De par son classement au Patrimoine Mondial Culturel de l’Unesco, ce site est superbement mis en valeur.
Notre guide prend son temps et la visite va durer 1h45 au lieu de 1 heure. Elle nous accompagne sur le bout du sentier 300 mètres plus loin pour admirer la vue du canyon depuis un promontoire. Ce canyon fait 150 km de long et abrite 90 sites comme celui-ci.
Nous remontons nous garer à notre lieu de bivouac 300 mètres plus haut et l’école commence après manger (ou continue... après cette belle leçon d’Histoire). Pour moi, c’est lessive. Nous avons le bonheur (mais là, seuls les voyageurs en camping-car peuvent nous comprendre...) de repartir de là les vidanges faites, les pleins d’eau également, les douches sont prises pour nous 4, le linge propre (en partie) et nous sommes donc autonomes de nouveau quelques jours. Il ne nous faut quand même pas grand-chose pour être heureux !
Nous sortons du superbe canyon et au bout de 10 kilomètres nous ne prenons pas la même route qu’hier mais nous coupons par une piste qui rejoint la ruta 40. Les paysages sont toujours désertiques. Nous nous rapprochons du canyon puis la route (enfin, la piste) serpente pour franchir le río qui coule au fond de celui-ci.
La piste descend de façon vertigineuse dans le canyon. Nous la voyons de l’autre côté du canyon remonter.
Jusqu’ici, tout va bien. Ça ne va pas durer. C’est bien beau mais après une grande descente, il y a...
... une grande montée de plusieurs centaines de mètres faite de piste en cailloux qui roulent sous les roues du camping-car. Au ¾ de la montée, notre monture n’en veut plus et patine dans les gros graviers... Je fais marche arrière sur 200 mètres pour revenir dans le bas sur le río et prendre un peu plus d’élan. Idem... Nous n’arriverons pas à monter les 100 derniers mètres et nous sommes donc obligés de faire demi-tour et de revenir par la piste empruntée hier pour redescendre sur le hameau de Bajo Caracoles mais cela nous impose un détour de presque 80 km alors que nous ne sommes plus qu’à 7 kilomètres pour rejoindre la 40. Tant pis, nous n’avons pas le choix. Demi-tour donc et nous revoilà à monter par là où nous venons de descendre. Jusqu’ici, tout va bien. Ça ne va pas durer. Au ¾ de la montée, le camping-car patine, patine et n’en veut plus (T’es content Miguel ?).
Nous sommes plantés dans ce fichu canyon. Il a beau être magnifique, on ne veut pas non plus sécher là. J’éteins le moteur. Je réfléchis. Je ré-essaye mais non ça ne pourra jamais le faire. Je fais fumer les pneus et l’embrayage. J’envisage de me séparer de mes 200 litres d’eau et de mes passagers mais ce n’est pas vraiment ça qui va alléger nos 4 tonnes passées. Et puis l’eau peut nous être utile car je me vois bien passer la nuit ici ! Et puis, mes passagers peuvent aussi me tenir compagnie ! Je scrute l’horizon pour voir si un 4x4 pourrait me dépanner mais cette piste ne dessert que la Cueva de los manos et nous étions dans les derniers à quitter le site en cette fin de journée. J’attends désespérément le dernier minibus de touristes qui j’espère pourra m’aider. Enfin, il arrive mais décline ma demande d’aide ne voulant pas se planter lui-même. Il me dit qu’il restait une dernière voiture, un Tochota mais ne sait pas quelle piste il va prendre. Au fait, pour ceux qui ne parlent pas le castillan d’Amérique du sud, un Tochota, c’est un Toyota. Car ici, le « y » se prononce « ch », tout comme d’ailleurs le « ll », le « s »... Je sors les grands moyens. J’essaye de chainer le train avant. Ça n’agrippe pas mieux. Je sors mes plaques de désensablement, histoire de pouvoir prendre de l'élan sur un mètre. Idem.
J’attends le 4x4 qui ne vient pas. Puis, arrive un autre minibus qui se dirige vers la cueva. Je lui demande s’il peut me sortir de là. Il n’a pas d’attelage et n’a pas envie de s’embêter mais accepte de m’emmener à la cueva pour chercher un coup de main. Wouah, joli jeu de mots... Si je n’arrive pas à trouver ça à la cueva de los manos ! Je laisse donc ma petite famille veiller sur le camping-car et refait les 20 km en sens inverse. Le chauffeur du 4x4 est en train de faire la visite. J’attends qu’il revienne et au bout d’une heure, je lui explique la situation. Très gentil, il accepte de me ramener au camping-car (c’est cool, ça m’évite 20 km à pied !) et de me tracter. Nous discutons quelques minutes sur la route avec ce couple qui voyage avec une sœur et déjà, les invitations sont lancées dans nos maisons respectives ; chez eux quand nous passerons dans la province de Neuquen et chez nous quand la sœur viendra visiter la France l’an prochain en sac à dos pendant un mois... Encore faudrait-il sortir de ce trou ? Ce sera vite chose faite avec un bon Tochota qui nous tracte pendant 200 mètres.
Je présente à Marta, Chano et Dina ma petite famille, rassurée de ne pas passer la nuit au fond du canyon. Ils montent dans le camping-car, le prennent en photo sous toutes les coutures. Échange de coordonnées, photo de groupe, embrassade, et au revoir ! Peut-être à bientôt... Le hasard vaut vraiment mieux qu'un rendez-vous !
Nous voici donc à avoir encore 40 km de piste à faire, mais celle-ci, nous la connaissons car nous l’avons prise hier. Il est 20h30, nous arrivons et bivouaquons sur la ruta 40 dans ce petit hameau incroyable de Bajo Caracoles.
Il semble pourtant bien y avoir tout le nécessaire pour y vivre... Comme dit Anaïs, « il y a tout, sauf des habitants ! ».
Nous dormons devant la station-service/épicerie.
Les pompes à essence sont recouvertes d’autocollants de globe-trotters.
Le pompiste est là dans sa boutique à attendre le passage d’hypothétiques voyageurs en quête d’essence ou d’une chambre d’hôtel (ah oui, car il fait aussi hôtel...). Il joue aux dés avec une femme. Deux voyageurs motards boivent une bière. Et moi j’achète un paquet de pâtes et des salsichas parce qu’on n'a plus rien à bouffer ! vraiment une ambiance du bout du monde...
Et nous qui espérions dormir ce soir à Perito Moreno pour avoir voir le wifi... Et bien tant pis, ce sera pour demain. On a le temps, on est en vacances...
Apéro pour fêter cette belle journée.
Vendredi 13 novembre :
Nuit tranquille dans ce hameau perdu dans la pampa patagonienne. Le matin, nous discutons avec deux touristes franco-israéliennes vivant à Jérusalem. Elles nous parlent avec passion de leur pays d’adoption et en quelques instants arrivent à nous donner l’envie d’aller visiter ce pays. Elles nous donnent une vision à l’inverse de celle communiquée par les médias au point de vue de la sécurité.
Nous prenons la route dès 9h pour une grande journée où nous aimerions nous rapprocher de la ville de Perito Moreno distante de 130 km mais nous avons pas mal de choses à faire, notamment chercher du wifi pour mettre à jour le blog et mettre en ligne le dernier article.
Les montagnes sont de différentes couleurs.
Les enfants sont d’une incroyable patience.
La route 40 est battue par un vent d’ouest et rend la conduite très compliquée. Les rafales doivent dépasser les 100 km/h. Les paysages sont recouverts d’un nuage de poussières. La route n’a pas de virages mais le camping-car est tellement balloté par le vent que Victor remplit la bassine. Heureusement qu’on est aussi sponsorisé par Febreze !
Péniblement, nous arrivons à la ville. La première recherche consiste à se ravitailler en gasoil. La deuxième, plus compliquée, consiste à trouver du gaz car nous allons bientôt être à cours de notre deuxième bouteille. Au bout d’une heure à tourner dans les rues de cette petite ville, et après avoir frappé à plusieurs portes, nous arrivons à trouver un petit magasin qui nous dépanne. A côté de ce magasin, un hôtel nous donne sa clé wifi. Je me mets sur internet. Ça rame. Quelques mètres plus loin, un deuxième hôtel a une meilleure connexion internet et me permet avec patience de charger les photos sur le blog.
Nous passons un long moment à étudier la suite de notre parcours. En effet, une envie folle d’aller visiter le curieux phénomène géologique des cathédrales de marbre sur le lac Buenos Aires (au Chili) nous titille mais nous impose soit un aller-retour de 600 km dont les 2/3 sur piste en mauvais état. L’autre solution envisagée est de ne pas faire l’aller-retour mais de continuer par de la piste en empruntant la mythique carretera austral (RN7) et de rejoindre le goudron que 600 km plus loin. Nous l’envisageons également un moment mais bon, faisons le choix de ne pas y aller et de rester sur la monotone RN40. Sur un voyage aussi long et court à la fois, nous devons évidemment faire des choix sur les visites à faire. Et puis, d’autres pays nous attendent aussi.
Finalement, les heures passent et décidons de passer la nuit au même endroit en plein centre ville de Perito Moreno. Nous passons pas mal de temps sur internet et au moment de s’endormir découvrons avec effroi ce que Paris est en train de vivre au même moment.
Samedi 14 novembre :
Aujourd’hui, la route est de nouveau prise de bonne heure pour espérer faire environ 600 kilomètres. Audrey passe à l’arrière avec les enfants faire l’école. Moi, j’ai pitié de ce pauvre autostoppeur attendant le passage d’un hypothétique véhicule sur cette désertique route 40. J’embarque donc Vincente, un touriste allemand parcourant les Amériques en un an en autostop. Cela fait 4 semaines qu’il a atterri à Santiago et certainement autant qu’il n’a pas pris de douche... En plus, il n’est pas très bavard et finit par faire la sieste. Il faut dire qu’il est un peu fatigué car son moyen de dormir en voyage est un simple hamac mais il n’avait pas réalisé qu’en venant en Patagonie, il y avait trop de vent pour dormir dehors. Autre paramètre qu’il n’avait pas pris en compte, il n’y a pas d’arbres pour accrocher son hamac ! 200 km plus loin, nous montons vers le nord, lui espère trouver un véhicule qui le redescendra vers la côte Atlantique. Nous le laissons au croisement de deux routes où ne circule quasiment personne, au milieu de la pampa balayée par les vents. Il descend. Nous sortons la bombe de Febreze.
Sur les bords de route, nous trouvons toujours de nombreux petits (ou pas) sanctuaires rouges. Annoncés par des fanions, des fleurs, des bouteilles en plastique et toutes sortes d’offrandes, ces autels font appel à la bienveillance du Gauchito, censé protéger les usagers de la route.
Sur les 600km d’aujourd’hui, seulement 2 petites villes cassent la monotonie de cette route.
Río Mayo et Gobernador Costa nous permettent de remettre quelques litres de gasoil et de récupérer les infos sur internet. Nous sommes terrifiés par cette sinistre actualité. Évidemment, la presse locale et les chaines d’info en continue traitent de ces effroyables attentats que la France a connus.
L’arrêt dans une de ces stations services nous aura permis de trouver du dulce de leche artisanal en conditionnement de 1 kg, ce qui, vu notre consommation, revient quand même moins cher qu’en pot de 400 grammes !
Les heures de conduite s’enchainent. Les dessins animés sur le PC aussi. Le nord de la Patagonie est désertique (bon, le reste aussi, c’est vrai...). Oui mais là, c’est vraiment désertique, austère et sec. On se demande comment font les rares habitants pour vivre à 150 ou 200 km de la première ville. C’est impensable !
Puis, d’un coup, quelques dizaines de km avant d’arriver à Esquel, les paysages deviennent accidentés, verdissent un peu et nous retrouvons un peu de végétation. Nous voyons de nouveau de jolies estancias entourées de peupliers. La verdure redonne vie aux troupeaux de moutons et de vaches, ce que nous n’avions plus vu depuis des centaines de km. Les gauchos rassemblent leurs bêtes, fièrement montés sur les chevaux.
Enfin, cette mignonne ville de 40 000 habitants arrive après 600 kilomètres parcourus. Celle-ci est bien accueillante et est bien arrangée. Toutes les pancartes sont ici en bois et s’intègrent bien aux constructions de maisons en briques rouges ou de chalets. Cette ville, fondée par les descendants des premiers immigrants gallois de la côte Atlantique de l’Argentine en quête de terres moins arides, est aujourd’hui une station de sport d’hiver réputée pour les argentins pour ces neiges de printemps, avec toute l’activité touristique qui va avec.
Dimanche 15 novembre :
Cette journée va nous mener après l’école (et oui, il y a même école le dimanche !) dans le parc national Los Alerces. Il est situé sur les hauteurs de la ville et au pied de la cordillère des Andes.
D’ailleurs, en montant les pentes des montagnes, nous sommes surpris de croiser de courageux sportifs...
Nous entrons dans le parc national Los Alerces.
Ce parc a pour vocation de protéger la plus importante forêt de Lahuán, ou Alerce Patagónico (un mélange du mélèze et du cyprès). Petite pause au centre des visiteurs pour se renseigner.
Le diamètre de cet arbre plusieurs fois millénaires ne croit que d’un millimètre par an et atteint une vingtaine de mètres de hauteur. L’arbre le plus vieux du parc atteint 57 mètres de haut et a, ou du moins, aurait... 2600 ans ! Ces arbres, imputrescibles peuvent atteindre une longévité de 4000 ans. Bon, nous ne pourrons pas les voir car l’excursion lacustre qui permet d’aller voir ces arbres est hors de prix. Nous nous contenterons d’une jolie promenade qui nous permettra de voir... un alerce solitaire de 300 ans. En même temps, il en suffit d’un pour savoir à quoi ça ressemble !
La promenade est superbe et franchit, par une passerelle, le río Arrayanes.
Elle longe les eaux vertes du Lago... verde et du Lago Menéndez.
Au bout de ce dernier, à Puerto Chucao, nous voyons le glacier Torrecillas.
Ce petit sentier permet de profiter de l’exceptionnelle variété d’arbres de ce parc (coihue, lenga, ñire, lipain, radal, araucaria, arayan...). Les forêts sont très denses et les arbres d’une hauteur impressionnante. C’est certainement dû au climat particulièrement humide de ce parc de 263 000 hectares où il pleut entre 3 et 4 mètres d’eau par an !
La faune est également bien présente dans ce parc.
Que ça fait du bien, après toutes ces zones arides traversées ces derniers jours de retrouver des couleurs.
Nous voyons des maisons construites entièrement en bois d’alerce jusqu’aux tuiles qui sont en bois.
Nous hésitons à faire demi tour pour redescendre sur Esquel mais finalement essayons de passer par la piste (déconseillée pourtant par les guides car en mauvais état) traversant vers le nord du parc et rejoignant la route 40 à 70 km d’ici. Ceci nous évitera si ça passe un bon détour. On se dit que si nous avons un problème, nous pourrons toujours téléphoner pour avoir de l’aide. Ah ben non...
La piste suit les rivières et lacs aux eaux limpides et vertes, en particulier celles du Lago Rivadavia.
Les montagnes du nord du parc, sont recouvertes d’arbres contrairement à l’entrée sud du parc qui a été victime d’un incendie. De ce fait, et comme la saison touristique n’a pas encore vraiment commencé, la majorité des sentiers de rando sont fermés (l’entrée du parc est d’ailleurs gratuite en ce moment).
Finalement, la piste est en assez bon état et nous permet d’avancer à 30 km/h facilement. Nous bivouaquons dans un petit coin de paradis en bordure du lac Rivadavia, à Puerto Cañero, près de la sortie nord du parc.
Ce soir, nous avons enfin une raison valable de boire l’apéro et trinquons à l’anniversaire de notre grand Mattéo !
Lundi 16 novembre :
Les enfants se dépêchent de vite
et bien travailler avec Mamantresse pour avoir le temps d’aller jouer autour du
camping-car. Comme d’habitude, nous leur délimitons un espace de jeux mais
aujourd’hui, celui-ci est bien plus grand... Ils s’amusent à balayer le sol en
terre, créer des petits chemins, faire des ponts sur deux petits ruisseaux et
écrire en grosses lettres « Isla ». Ils passent 2 heures ½ à jouer
jusqu’au moment où Victor rentre en pleurs car il a sauté à pied joint dans l’eau...
Nous mangeons sur place et
quittons ce petit coin de paradis. Nous craignons de rester embourbés de nouveau
mais le garde forestier nous aide en poussant le camping-car.
Les 20 derniers kms de piste sont
en bon état et nous retrouvons rapidement l’asphalte de la RN40. Une centaine
de kilomètres nous séparent de notre prochaine étape : El Bolson. Les paysages
verdissent de plus en plus.
C’est incroyable ce changement radical
de végétation en quelques dizaines de kilomètres. Arrivés à El Bolson, la pluie
nous fait rester dans le camping-car et nous profitons du wifi du bar voisin où je
suis allé boire un café et chercher la clé wifi. La patronne du bar, voyant que
je suis français, aborde évidemment le sujet des attentats parisiens. Tout
comme elle, de nombreuses personnes, choquées par les événements nous font des
allusions et nous adressent des petit mots sympathiques.
Nous bivouaquons sur la place du village, au pied des montagnes enneigées.
Mardi 17 novembre :
En fin de matinée, nous
déambulons sur la place du village où nous avons bivouaqué et faisons un tour
sur le marché artisanal où beaucoup d’exposants sont des jeunes hippies... Tout
comme dans la ville d’ailleurs où il y en a partout... Beaucoup d’artisans
exposent des objets travaillés en bois, des tricots, des bijoux...
Nous retrouvons la tradition du maté que l'on voyait un peu moins dans le sud du pays.
Sur la place, nous trouvons de sympathiques sculptures et fresques.
Nous mangeons quelques
spécialités achetées sur le marché pour le plus grand plaisir d’Anaïs et
Victor.
Sur le marché, nous croisons de nouveau les deux israéliennes que nous avions rencontrées il y a une semaine et 1600 kilomètres ! Nous venons de changer de
province et avons quitté celle de Chubut pour arriver dans celle de Río Negro.
En Argentine, chaque province a sa propre législation. Passés la limite de ces
2 provinces, nous trouvons énormément de voitures dans un état de délabrement
très avancé... Certainement qu’ici, le contrôle technique n’existe pas ! Bon, certains ne doivent quand même plus rouler...
Nous montons sur les hauteurs de
la ville pour bénéficier d’un joli point de vue sur la vallée fertile du río
azul.
Puis, nous roulons pour une
petite étape aujourd’hui de 120 kilomètres qui va nous faire emprunter la RN40
de nouveau mais cette fois ci, les montagnes entre lesquelles elle serpente
sont intégralement recouvertes de sapins. La route longe de superbes lacs et nous
entrons dans le parc national Nahuel Huapi.
Les lupins roses et mauves envahissent les bords de
route, de même que les genêts jaunes.
Nous arrivons dans la région très
touristique de San Carlos de Bariloche. Nous allons nous poser un petit peu
dans ce secteur et profiter de ces magnifiques paysages de forêts et lacs avant
de repasser au Chili dans une dizaine de jours.
En cette fin d’après midi
glaciale, nous allons découvrir les beaux bâtiments du vieux centre et admirons
ce mélange de bois et de pierres.
Nous croisons une famille belge
qui pendant 6 mois visite plusieurs continents en faisant des sauts en avion entre les différents continents et en se déplaçant en bus avec leurs sacs à dos et leurs 3 enfants. Leur voyage commence par l’Amérique
du sud. Nous discutons de manière fort sympathique avec eux mais nos chemins
doivent malheureusement se séparer.
Retour au camping-car pour se
réchauffer et aller bivouaquer en bord de lac.
Pour fêter notre centième jour de
voyage, nous buvons exceptionnellement l’apéro. Et pour nous consoler, car il
ne nous en reste plus que 250, nous buvons une petite liqueur avant d’aller
nous coucher.
Bon, les 100 jours, n’est-ce pas
l’heure de faire un premier bilan ?
Et bien, comme vous pouvez le
lire et le voir sur notre blog, ce n’est que du bonheur. Nous dévorons chaque instant pour découvrir ce beau
continent et cette merveilleuse nature et profitons de cette
belle et exceptionnelle aventure familiale. Ces moments passés tous les 4, réunis
dans ce petit espace de 10m², resteront à jamais gravés dans un coin de nous-même. Comme on dit, l’espace de vie est petit mais le jardin est immense et il
change tous les jours... Anaïs et Victor semblent également heureux de vivre
cette parenthèse. Ils grandissent très vite.
Ce qui nous manque le plus ?
Vous évidement, vous qui nous lisez et suivez nos aventures... vous qui nous
envoyez régulièrement des petits mots qui nous font extrêmement plaisir.
Heureusement, Skype est là et permet de ne pas se sentir si loin des gens qu'on aime... Ce qui nous
manque aussi ? ben, le fromage, la charcuterie, le Nutella, une queue à la
poêle d’Audrey car elle n’avait jamais pensé à quel point c’était pratique, du
sel qui sale, passer 10 minutes sous la douche, une cafetière qui fonctionne
(surtout avec moi, car avec Audrey, ça marche), une machine à laver le linge et
la vaisselle, les yaourts, le bon pain et puis un petit Ricard de
temps en temps... Ce qui ne nous manque pas ? le réveil, l’aspirateur, le
repassage et le train-train de la vie de tous les jours...
La seule petite « déception »
est de ne pas rencontrer tant d’autres voyageurs que ça, en tout cas moins qu’on
ne l’imaginait, et de ne pas approfondir certains contacts avec les gens du
pays ; les nombreuses rencontres restant toujours très agréables mais trop
brèves... mais bon, ça va venir et puis... le hasard vaut mieux qu’un
rendez-vous !
Et surtout, nous avons eu la chance
pour le moment de n’avoir aucune galère (mécanique, santé, scène de ménage !), si ce n’est que cette dernière semaine, la
Bodum s’est cassée, la poêle (et sa fameuse queue) aussi, le réservoir d’eau fuit
dans la soute, l’appareil photo est bientôt mort et doit attendre qu’on soit
rendu au Chili pour être remplacé, le frigo rame, le thermomètre qui
permet de vérifier que le frigo fonctionne rame aussi, la carrosserie tient avec du
scotch américain, et tout se décroche dans le camping-car avec les vibrations
des pistes (porte-serviette, porte de douche)... Mais bon, on ne va quand même pas se plaindre...
Merci encore à vous tous de suivre nos aventures. On pense bien à vous tous et on vous embrasse bien fort...
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