LE
CARNET DE VOYAGE DE DANY LE NAIN – ÉPISODE 24
L’ambiance n’est
pas très bonne, mais nous ne sommes pas retombés en panne.
Après la panne, bien entendu, nous sommes
repartis. Mais l’histoire de la baguette et du sabotage leur reste un peu en
travers de la gorge, j’ai l’impression… Les premiers jours, je me suis dit
qu’il fallait que je trouve un moyen de me faire pardonner. J’ai cherché :
un cadeau, je ne voyais pas quoi ; une petite attention, comme faire leur
lit ou la cuisine, faut pas rêver… ; une belle lettre d’excuses, c’est pas
mon truc ; aller leur parler pour m’expliquer non plus…
Malgré mes
recherches – pas extrêmement poussées, je l’avoue – je n’ai pas trouvé. J’ai
donc décidé que j’attendrais. De toute façon, c’était un peu à eux aussi de
s’excuser. Je n’avais qu’à me dire que s’ils ne me refaisaient pas de coup bas,
nous serions quittes, et qu’avec un peu de chance, ils ne m’en referaient pas.
Mais je n’eus pas de chance.
On visita le
lendemain des bâtiments de la culture Inca, avec de magnifiques fresques
peintes sur les murs. Ils furent désagréables tout du long, et me firent plein
de coups méchants, en me mettant devant les gens dans des situations
embarrassantes, et en m’obligeant à marcher par terre à côté d’eux, sans
pouvoir retourner dans le sac ! Quand ils faisaient un pas, j’en faisais
huit. Voire neuf. J’étais content quand ils m’ont annoncé qu’ils finiraient la
visite sans moi pour me punir.
Quand ils sont
partis visiter, ils ont donc trouvé normal de me laisser dans le sac qu’ils ont
déposé à l’entrée. Je m’en suis échappé
avec la discrétion qui est la mienne (vous me connaissez) et je suis parti à
pas délicats voir si quelqu’un voulait bien discuter avec un pauvre nain
délaissé. C’est là que j’ai rencontré deux nouveaux amis. (D’ailleurs, en
parlant d’amis, ça me fait penser : vous vous souvenez de mon ami le
manchot de Magellan, Dimi ? Et bah, j’sais pas si je vous en avais
reparlé, mais on discute vachement, tous les deux, par lettres !)
Oui donc… Mes
nouveaux amis. On va pas utiliser le mot « amis » d’ailleurs, parce
que je les définirais pas comme ça, en fait, parce que c’étaient un peu des
gens bizarres… Si vous voyez ce que je veux dire. Le premier ne paraissait pas
très sympathique, mais j’ai décidé de l’aborder quand même, avec joie et bonne
humeur.
« Bonjour !
Vous connaitriez pas la blague du fou qui repeint son plafond ? dis-je,
sautant de joie devant la possibilité de la retrouver.
- Non. »
Sa réponse me
déstabilisa un peu.
« Vous… vous
habitez ici ?
- Oui.
- De…de puis
longtemps ?
- Oui.
-Combien de temps,
si ce n’est pas indiscret ?
- Des centaines
d’années.
- Vous vous appelez
comment ?
- Je n’ai pas de
nom. »
Pas très bavard,
c’est le moins qu’on puisse dire. Je tentai donc de retrouver la blague du fou
qui repeint son plafond, afin de lui raconter et de le dérider. Rien à faire,
ça ne serait pas pour aujourd’hui.
« J’aime bien
votre chapeau ! »
Je me retournai
pour voir qui m’interrompait ainsi dans une délicieuse méditation. C’était une
femme. On pouvait dire qu’au premier abord elle n’avait pas un physique très
avantageux…
« Euh, merci,
répondis-je.
- Vous vous appelez
comment ? Moi c’est Médusa ! Vous savez, ma grand-mère disait
toujours « si tu vois un inconnu avec un chapeau, ne le dévisage
pas ». Je m’excuse si je vous ai dévisagée ! Je n’ai pas pu m’en
empêcher… Vous pouvez me donner votre chapeau ? Vous êtes beau,
monsieur ! Moi je suis moche, tout le monde me le dit ! Mais je m’en
fiche, vous savez ! Comme disait ma grand-mère…
- D’aaaccord
d’accord d’accord d’accord !
- Vous n’aimez pas
quand je parle ? »
J’étais embarrassé,
je ne savais pas quoi répondre. Je bénis le ciel en voyant arriver les Mollalpagas,
chose que je ne pensais pas faire étant donné que j’étais tout sauf impatient
qu’ils reviennent me chercher. Mais je préférais leur compagnie à celle de
Médusa.
« C’est pas
ça, répondis-je. C’est que je dois m’en aller, on vient me chercher.
- Oh noooooon… Vous
allez me manquer…
-Oui, c’est ça, au
revoir… Pfff ! »
Elle fit un air
triste en me voyant partir, et me tendit un chapeau, un panama rouge. Je fis
semblant de ne pas la voir. Je courus dans le sac, mais les Mollalpagas la
virent.
« Dany, ton
amie te tend un chapeau, tu devrais l’essayer ! Allez… »
Je dus donc poser
pour les photos, et quand enfin on repartit, je dus poser à nouveau avec des
nains rencontrés sur le chemin, et je me fis rebaptiser
« Grincheux ». Sale journée.
Prochaine
étape : j’ai entendu parler de forêt amazonienne, de Quechua. Je ne sais
pas s’ils comptent m’emmener, mais j’ai peur. Très peur.
PS : Tous les
dialogues ont bien sûr eu lieu en espagnol, mais je les ai intégralement
traduits pour vous, bande d’ignares !
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