1658 km parcourus du 23 février au 1er mars
22 591 km parcourus depuis le départ
Mardi 23 février :
Nous avions prévu de quitter la
superbe ville blanche d’Arequipa ce matin... avant de recevoir hier soir un
mail de Valérie et Jérôme, un couple de voyageurs d’Aix en Provence voyageant
en fourgon avec leur fils Charles, 6 ans. Nous ne nous étions jamais
rencontrés, mais étions en contact depuis quelques mois grâce au
« réseau » de voyageurs et notamment aux VW, Catherine et
Nicolas. Pour l’anecdote, nous avions rencontré les VW sur l’île de Chiloé et
ils étaient repartis avec... une fourchette à nous. Hors, ils descendaient vers
le sud et nous, nous montions vers le nord. Mais ils ont croisé Valérie et
Jérôme quelques jours plus tard et les ont investis de la mission de nous
rendre la fourchette... Mais ils étaient plusieurs semaines derrière nous
jusqu’à ce que nous tombions en panne et ont ainsi pu nous rattraper.
Nous avons enfin réussi à croiser
nos chemins et le rendez-vous est pris pour ce soir pour passer la soirée ensemble.
Nous partons donc de nouveau
prolonger le plaisir de découvrir Arequipa. La journée commence par la visite
de la Cathédrale reconstruite en 1868 à la suite de séismes et d’incendies.
Plus large que haute avec sa façade de 108 mètres, sa décoration intérieure
jaune et blanche est agréable.
Une superbe chaire en bois
sculpté représente Satan, que le prêtre écrase en haut de sa chaire. Elle a été
réalisée à Lille.
Nous faisons de nouveau un tour
sur la plaza de armas datant du 19ème siècle. En son centre, une
magnifique fontaine en bronze surmontée du Tuturutu, génie protecteur de la
ville.
L’ambiance de cette place est très agréable avec tous ces habitants, à
l’ombre des énormes palmiers. Cireurs de chaussures, vendeurs de chapeaux quand
il fait soleil ou de parapluies quand il pleut, artistes vendant des aquarelles
à qui nous en achetons deux...
Je me régale toujours autant à photographier les
passants.
Victor se régale toujours autant
à faire fuir les pigeons. Et là, il a de quoi faire !
Nous partons visiter la Casa
Museo José Villalobos, demeure bourgeoise de 1928 mais elle est malheureusement
fermée. Nous en profitons pour admirer sa façade.
Quelques cuadras plus loin, nous
arrivons sur la plaza San Francisco où l’église du même nom présente une façade
du 16ème siècle très élégante en sillar (pierre volcanique blanche)
et en briques.
Nous poussons les portes de la
bibliothèque Mario Vargas Llosa et découvrons un joli bâtiment avec ses
agréables cours intérieures.
Intéressante expo photographique
sur le cañón del Catahuasi.
Nous reprenons le camping-car et
allons visiter le quartier de Yanahuara. Ce quartier résidentiel est
intéressant pour sa place dominant la ville d’Arequipa mais la vue est
aujourd’hui bouchée et nous ne pouvons profiter de la vue sur le volcan
Chachani surplombant la ville. Dommage. Yanahuara est réputé aussi pour son
église, mais en restauration et bien cachée derrière des bâches vertes
d’échafaudages lors de notre passage.
Nous nous consolons en mangeant
une glace au fromage sur l’agréable place bien fleurie et elle aussi entourée
de palmiers.
Nous continuons à pied vers
l’autre quartier résidentiel de Cayma qui lui aussi possède une jolie église de
1730... mais fermée lors de notre passage.
Nous retournons nous garer en
centre-ville et trouvons par chance le même emplacement de bivouac à deux pas
de la place d’armes où en fin d’après-midi, Valérie, Jérôme et Charles
arrivent. Nous passons une agréable soirée de voyageurs à échanger, à nous
raconter nos joies et nos galères (eux aussi ont perdu quelques semaines de
voyage à cause de galères mécaniques... chez Fiat à Calama, entre autres). Nous prenons des infos intéressantes sur
la Bolivie de laquelle ils reviennent.
Charles, Anaïs et Victor jouent bien ensemble, bien au chaud dans le camping-car
car il fait nuit dehors et il pleut.
Nous espérons que nos chemins se
recroiseront lorsque nous redescendrons le Pérou dans quelques semaines... Ce
sera l’occasion de partager un nouveau moment et de récupérer notre fourchette
oubliée dans leur fourgon !
Après leur départ, je pars
profiter des lumières de la place d’armes où les bâtiments se reflètent sur les
pavés mouillés.
Mercredi 24 février :
École matinale, très matinale car
on ne s’est toujours pas remis du décalage de deux heures avec le Chili. Pendant ce temps, je
pars seul boire un café sur la plaza de Armas où je m’installe en terrasse en
haut des arcades.
J’adore observer une ville qui se réveille tôt le matin et
c’est souvent l’occasion de prendre des photos discrètement en ayant un peu de
hauteur.
Il est temps de prendre la route
et de quitter Arequipa où nous avons passé 4 nuits.
Nous échangeons quelques mots
avec Pierre, un cycliste toulousain reliant les Amériques du nord au sud sur
son vélo couché. Nous sortons rapidement du centre historique et nous nous retrouvons
dans les quartiers périphériques appauvris de cette ville de plus de
800 000 habitants perchée à 2350 mètres d’altitude. La circulation est
dense, ponctuée de coups de klaxons. L’état de la route est moyen. De gros nids
de poule m’obligent à changer de file au dernier moment. Les camions conduisent
n’importe comment.
Nous attaquons la descente en
altitude doucement mais sereinement au frein moteur. Les poids lourds, eux, descendent
à fond la caisse, doublent dans les virages sans aucune visibilité. Ils font plus
confiance à Dieu qu’à leurs freins. Sur leur pare-brise, est écrit :
« Siempre con Dios », « Dios es mi copiloto », « Dios
es mi guía »... C’est leur choix mais il y quand même beaucoup de croix
sur le bord de la route...
La vallée dans laquelle nous
descendons est fertile et des dizaines de personnes ramassent des pommes de
terre.
Nous arrivons de nouveau dans le
désert et un paysage de montagnes désolées. Pas un brin de verdure sur des
dizaines de kilomètres...
Contrairement au Chili et à
l’Argentine où seuls les abords des villes étaient sales, ici au Pérou, même
loin des villes, les bas-côtés sont jonchés de détritus.
Dans un virage, un camion a perdu
des mangues sur la route. J’en ramasse deux bons kilos.
Nous arrivons sur la côte
Pacifique. Les habitants vivent dans des constructions de quelques mètres
carrés sans aucun confort.
Nous traversons Camaná, ville
sans aucun charme apparent avec une circulation dense et de nombreuses motos-taxis.
Nous traversons des rizières d'un vert très particulier et très intense.
Puis pendant des dizaines de kilomètres, nous longeons le Pacifique. Les
paysages sont magnifiques.
Des rouleaux énormes, mais vraiment énormes s’éclatent sur les rochers.
Mais l’écume a une couleur jaunâtre qui nous fait dire que l’océan aussi doit être bien pollué.
La route surplombe de 150 mètres
l’océan sans barrière de sécurité. Il s’agit de rester vigilant tout en évitant
les éboulis de pierres et les voitures sans feux.
Villages de pêcheurs, vallées
fertiles, déserts arides se succèdent tout au long de ces heures de conduites.
Et durant ce temps-là, Anaïs et
Victor sont toujours aussi patients et enchaînent les épisodes des Cités d’Or
et de Violetta.
Après une bonne journée de route
de 300 km dont pas mal en montagne, nous nous arrêtons avant la nuit,
bivouaquer devant cette immensité bleue surplombant un village de pêcheurs en
admirant un coucher de soleil.
A l’apéro ce soir, jus de mangue
frais agrémenté de Pisco (l’eau de vie du Pérou). Ce n’est pas trop mal. Il
manque les glaçons mais bonne nouvelle, le congélateur semble avoir envie de
fonctionner de nouveau. Donc, si vous êtes de passage dans le coin, passez
prendre l’apéro !
Jeudi 25 février :
Une fois l’école terminée à
l’heure où les copains entrent en classe en France, nous prenons la route pour
parcourir les 300 km nous séparant de Nazca où nous avons rendez-vous ce soir avec
les bretons.
La route serpente un peu moins.
Quoique... Le désert, les montagnes, l’océan sont toujours aussi beaux. Une
sorte de brume, toute la matinée, étouffe un peu ces jolis paysages. Elle
serait due à la chaleur de l’air et au froid de l’océan rafraichi par le courant
froid Humboldt remontant de l’Antarctique jusqu’au nord du Pérou.
En fin de matinée, le temps se
dégage. La chaleur arrive et on tente de s’habituer à conduire sans air
conditionné qui ne fonctionne plus depuis l’intervention mécanique.
Nous traversons une quebrada où
un malheureux routier vient de manquer un virage. Son camion est à la verticale
dans le ravin. Les camions continuent à se doubler de manière dangereuse.
A l’approche de la ville de
Nazca, nous faisons un arrêt au cimetière pré-inca de Chauchilla, situé à 7 km
de bonne piste de la route panaméricaine. Le site se trouve au milieu des
montagnes pelées. Merveilleux paysages.
C’est un archéologue allemand qui
a découvert ce site. Les tombes sont creusées dans le sol et elles sont
construites avec des briques en terre. Elles contiennent des momies nazca, wari
et icachincha.
Signe de haut rang social, certaines ont des chevelures tressées
de 2 mètres de long.
Les momies sont en position fœtales, entourées de lambeaux
de tissus et de cordelettes funéraires. Des poteries, en guise d'offrande, accompagnent les momies. Les
momies se sont conservées grâce à la sécheresse de l’air. Il ne pleut que deux
jours par an ici.
Nous traversons la ville de Nazca
et nous dirigeons vers le nord pour aller sur le site des fameux
géoglyphes des lignes Nazca. Nous nous arrêtons 2 km avant le premier
mirador au pied d’une petite colline en haut de laquelle nous montons afin d’observer.
Je vous parlerai plus longuement dans 2 mois de ce site classé au Patrimoine
Mondial de l’Humanité par l’Unesco. Nous y repasserons en effet avec mon papa
et Alexandre, mon beau-frère qui nous rejoindront bientôt, pour visiter une
partie du Pérou. C’est la raison pour laquelle nous passons rapidement dans ce
secteur et en profiterons à notre retour.
En quelques mots tout de même,
les lignes Nazca sont de gigantesques dessins tracés à même le désert entre le
début de notre ère et l’an 800 par la civilisation Nazca. Elles représentent
des dessins géométriques, des figures animales... Le mieux pour les apprécier est
de les découvrir depuis le ciel, ce que nous ferons à bord d’un petit avion à
notre retour.
Nous nous arrêtons bivouaquer au
premier mirador naturel (à gauche sur la panam’ 2 km avant le mirador des
lignes). Nous montons en haut de cette petite colline et voyons non pas des
figures Nazca mais les lignes tracées depuis plus de 1500 ans dans ce désert si
aride. C’est de cette colline que convergent beaucoup de tracés sur des
kilomètres. Depuis cette colline, nous pouvons apprécier certaines
de ces lignes longues de plusieurs kilomètres qui fuient parallèlement ou bien
se croisent.
Joli coucher de soleil sur ces
étonnantes et mystérieuses lignes.
En fin de journée, arrivent les bretons,
Alex, Jean-Baptiste, Ally, Lucas et Timéo. Nous apprécions de nous retrouver
certainement pour la dernière fois du voyage (on n’a pas déjà dit ça ?)
car nous prenons par la suite deux directions différentes. Pisco-Coca et
Pisco-jus de mangues seront parfaits pour l’apéro ! Gyrophares allumés, la
police arrive pour nous communiquer leur numéro d’appel d’urgence si jamais
nous avons besoin de quoique ce soit. Inquiétant ou rassurant ? Nous
continuons l’apéro.
Vendredi 26 février :
Aujourd’hui, Audrey fera école
pendant que je roulerai. A peine 2 km après notre bivouac, nous nous arrêtons
au mirador au km 425 de la panaméricaine.
Du haut de cette tour métallique, à
la sécurité douteuse, nous avons une vue à 12 mètres de haut sur 3
figures : une main, un arbre et un lézard. Ce dernier est malheureusement
bien abîmé non pas par le temps... mais par des traces de 4x4 !
Incroyable...
Jolie entrée en matière qui nous
donne encore plus envie de survoler toutes ces figures depuis les airs dans
deux mois.
Quelques kilomètres plus loin, un
autre site, celui de Palpa, moins connu touristiquement mais tout aussi
intéressant nous permet une nouvelle fois en haut d’un mirador, à la sécurité
encore plus douteuse, d’embrasser une jolie vue sur plusieurs géoglyphes tracés
dans la montagne. Nous y voyons dans l’ordre des photos ci-dessous : la
famille royale, le chasseur et le paysan.
Ces géoglyphes ont été réalisés non
pas par la civilisation Nazca (de 0 à 600 de notre ère) mais par la
civilisation Paracas qui s’est développée de 200 à 800 avant notre ère. Ce qui
est étonnant est que les Nazcas ont poursuivi leurs lignes droites, traversant
les géoglyphes des Paracas. On le voit bien sur la représentation ci-dessous
avec les dessins des Paracas et les lignes des Nazcas.
Nous voici de retour sur la route
où une nouvelle fois, villages et déserts s’enchaînent sans transition.
Bien
que nous nous y attendions, nous sommes surpris par la pauvreté du Pérou. Les
péruviens dans ces zones reculées des grandes villes vivent dans des cabanes faites
de joncs tressés et formant des grands cubes d’environ 2 à 3 mètres de côté.
Nous traversons des paysages de champs de coton.
La route part en lacets dans les
montagnes arides et les dunes de sable avant de retrouver une jolie vallée
fertile où soudainement, la vie reprend grâce à un cours d’eau.
Les routiers et chauffeurs de bus
conduisent vraiment de manière très dangereuse et je dois régulièrement
anticiper leurs mouvements tel ce routier qui se rabat juste devant nous après
avoir doublé un autre camion.
Nous arrivons à Ica, capitale du
département. La ville ne donne pas envie de s’y arrêter.
Elle a malheureusement
été drastiquement détruite en 2007 par un violent séisme et les bâtiments comme
l’église sont maintenant des champs de ruines. Nous la traversons en slalomant
entre les rutilantes motos-taxis. Certaines de ces dernières sont équipées de
sonos incroyables. Ici aussi, le niveau de vie n’est pas très élevé. La lessive
se fait pour certains dans les caniveaux.
L’intérêt principal de la région
réside dans les bodegas qui produisent le fameux Pisco. Les vignes de la vallée d’Ica ont
été plantées au début de l’époque coloniale. Il se développe ici des cépages
comme le Tannat, le Petit Verdot, le Cabernet Sauvignon et le Malbec qui
donnent des vins de qualité.
A partir des moûts de raisins, la liqueur Pisco
est fabriquée. Pisco, le port d’où étaient exportées ces liqueurs est à
l’origine de ce nom. Depuis le début du 17ème siècle, le Pisco est
la boisson nationale et la fierté du Pérou. Rappelez-vous, on nous a confisqué
à la frontière la bouteille de Pisco qu’on avait achetée au Chili.
Nous allons visiter la bodega El
Catador. Parcours intéressant où on nous explique le pressage du raisin grâce à
un superbe pressoir en bois.
La fermentation se fait dans des récipients
en céramique de forme conique appelés piskos. Il s’agit d’un vocable quechua
utilisé durant la période inca pour nommer les habitants de la zone d’Ica.
Enfin, nous voyons la zone de distillation
avec un énorme alambic d’une capacité de 1600 litres.
Le guide nous explique que chaque
année, les premières gouttes de Pisco juste distillées sont déposées dans une
jarre, enfouie dans la terre, offrande à la Pachamama, la Terre mère.
Après la théorie, nous passons à
la pratique et dégustons pas moins de 7 verres de Pisco différents entre 16° et
42°. La pratique est sympathique…
Autour de la bodega poussent des
avocats, des mangues et des noix de pécan.
Il fait 40° dehors et beaucoup
plus dans le camping-car. Nous prenons la route un peu tard après avoir fait
quelques Skype et réservé nos billets d’avions pour le vol retour... et oui, il
faut bien y penser pendant que les prix sont encore raisonnables. Nous nous
envolerons de Montevideo le 26 juillet pour arriver à Roissy le 27. Je serai
donc dans les temps pour reprendre le travail le 1er août !
Nous nous dirigeons toujours vers
le nord et roulons toujours sur la Panaméricaine, le fameux axe américain qui
monte jusqu’en Alaska. Nous rejoignons les bords du Pacifique.
Les abords des villes et la
campagne sont des dépotoirs. Nous voyons plusieurs personnes vider leur
détritus et également des artisans vider leurs restes de chantiers sur le bord
des routes.
Chaque morceau de mur est tagué
par les noms des politiciens se présentant aux présidentielles de 2016. Le
paysage est saturé de couleurs vives taguées. Pas très heureux.
Dans les villages traversés, il y
a une quantité impressionnante de vendeurs ambulants dans les rues :
glaces, boissons fraiches, popcorns, gâteaux secs, fruits...
Un des villages-oasis traversés vit de la culture d'oliviers.
Il y a également beaucoup de
kiosques et d’almacenes, sortes d’épiceries aux enseignes sponsorisées par
Coca-Cola ou Inka-Cola, le soda péruvien et par des boissons énergisantes.
Sur les trottoirs, les artisans
travaillent, font de la mécanique, réparent les pneus. C’est d’ailleurs ici le
sport national ! Il y a des llanterias à tous les coins de rues. A chaque
pays, son nom associé à l’endroit où on répare les pneus. En Argentine, il
s’appelait gomeria. Au Chili, il s’appelait vulcanización.
Enfin, pour
l’instant, au grand désespoir de notre ami Miguel qui attend qu’on crève pour
boire l’apéro, nous ne comptons pas une seule crevaison. Ce n’est pas le cas de
tout le monde. N’est-ce pas les bretons qui en sont déjà à 7 ?
Nous traversons Chincha, ville
poussiéreuse, bruyante. Comme dans toutes les villes péruviennes, les
conducteurs à défaut d’utiliser leurs freins, leurs clignotants et leurs rétros
utilisent leur klaxon... Quel changement avec les autres pays visités jusqu’à
présent.
Il n’y a pas beaucoup de voitures
particulières. Les habitants se déplacent beaucoup en motos-taxis ou en
collectivos.
Nous bivouaquons dans une
station-service sur la panam’. Il fait nuit et il n’y pas grand intérêt à
chercher un endroit plus sympa surtout qu’on est en plein désert.
Samedi 27 février :
Juste le temps de faire école en
roulant pendant une heure et demie et nous arrivons au site archéologique des
ruines de Pachacamac, dans la vallée de Lurín, à proximité de l’océan.
Ce site
était le plus important sanctuaire de la côte péruvienne avant l’arrivée des
espagnols. Le site, à la lecture des guides touristiques vaut à peine le coup. Quel
bien nous a pris d’aller quand même visiter cette ville sacrée habitée par
des religieux dédiés au culte du Dieu Pachacamac (Dieu redouté car on lui
attribuait le pouvoir de faire trembler la terre rien qu’en secouant la tête) !
Un tout nouveau et passionnant musée vient d’ouvrir sur le site il y a à peine
10 jours.
Nous le visitons et passons un long moment à le découvrir et à
apprendre tant de choses sur les différentes civilisations qui se sont
succédées au Pérou depuis plus de 10 000 ans jusqu’à l’arrivée des espagnols.
La chronologie est donc beaucoup plus claire dans nos têtes. Les Incas (1470-1533)
sont évidemment les plus connus mais également les plus récents car ils ont été
délogés par les espagnols. Auparavant, il y a eu des dizaines d’autres cultures.
Parmi les plus importantes et celles qui se sont développées autour de
Pachacamac, il y a eu les Ychma (1100-1470), les Wari (650-1100) et les Lima (200-650).
Le site de Pachacamac a été occupé pendant plus de 1500 ans et chacune de ces
cultures considéraient ce sanctuaire comme un centre cérémoniel de premier
ordre. Le site attirait les pèlerins en provenance de diverses contrées des
Andes centrales. Dans cette cité, étaient enterrées les personnes les plus
importantes de la région. 80 000 sépultures seraient dénombrées sur le
site.
De nombreux textiles ont
également été retrouvés bien conservés par le climat très sec du désert
péruvien. Les textiles jouaient un rôle fondamental dans la transmission des
idées politiques et religieuses. Les tissus étaient utilisés pour couvrir le
corps dans la vie et dans la mort mais également pour marquer les différences
sociales et politiques. Ils étaient confectionnés en coton, en fibres végétales
et en laines de camélidés (alpagas, lama, guanaco et vigogne).
Le musée expose les vestiges
matériels découverts sur le sanctuaire lors de fouilles. La collection est
composée de vases en céramique de formes et styles divers appartenant
principalement aux cultures Wari, Ychma et Inca, d’objets en bois et en métal, de masques funéraires.
L’une des pièces les plus
emblématiques est une réplique de l’idole de Pachacamac, retrouvée en1938 dans
le Templo Pintado. Cette magnifique pièce en bois de plus de 3 mètres de
hauteur possède sur sa partie supérieure deux personnages qui regardent dans
des directions opposées, alors que la partie centrale est décorée d’animaux
mythiques et de personnages anthropomorphes.
Le musée expose aussi la plus
belle collection péruvienne de Quipu.
Les incas utilisaient cet ingénieux et
précis système comptable. Il s’agissait d’une sorte de corde principale de
laquelle pendaient d’autres cordes à nœuds. Les informations pouvaient être
déchiffrées à partir des différentes couleurs et positions respectives des
cordes et des nœuds.
Nous partons à la découverte du
site, enfin d’une partie car il occupe 465 hectares, aux portes de la capitale.
Heureusement, la ville n’a pas été construite sur ces ruines mais un travail
considérable reste à faire au niveau archéologique sur ce site. Seuls quelques
uns des 50 édifices sont restaurés. Beaucoup d’autres sont ensevelis sous le
sable. C’est un peu frustrant, mais on comprend que pour des raisons de sauvegarde
du patrimoine, nous ne pouvons entrer dans aucun monument.
Nous prenons notre camping-car
pour faire le long circuit aménagé par une douzaine d’arrêts d’où nous
apercevons les ruines.
Nous commençons par le complexe
d’adobes Lima (200-650) qui avait des fonctions administratives. Ce site, fut ensuite
utilisé comme cimetière pendant l’époque Ychma.
La Calle Norte-Sur était une
importante voie d’accès au sanctuaire de 460 mètres de longueur, délimitée par
de hauts murs de pierre et d’adobe (brique crue). Son intersection avec le
Calle Oeste-Este formait ainsi quatre secteurs dans la ville.
Les Ychma (900-1470) ont construit
la majorité des sites que l’on voit aujourd’hui à Pachacamac. La construction
la plus représentative est la pyramide avec une rampe inclinée vers un grand
patio, un haut édifice monumental de deux ou trois niveaux qui servait de
centre administratif et de lieu d’activités publiques. Il y en avait 17 sur le
site.
L’édifice Taurichumpi date de la
période inca (1470-1533). C’était un lieu résidentiel constitué de places, de
rampes, de couloirs. C’était aussi le lieu d’administration et de redistribution des
biens.
Le Templo Viejo (200-650) est un
édifice de forme trapézoïdale, construit avec des petits adobes rectangulaires.
Il a été construit par la civilisation Lima au début de notre ère. Mais on le voit de loin et il ressemble plus à un immense château de sable.
Le Templo Pintado (200-1470),
construit par les Ychma, est composé, quant à lui de terre-pleins de 6 mètres
de haut avec des murs peints de figures anthropomorphes, de poissons,
d’oiseaux, de plantes. Il a été utilisé jusqu’à l’arrivée des espagnols.
Le Templo del Sol (période inca 1470-1533)
de forme trapézoïdale a été construit sur un promontoire naturel avec des
terrasses et des plateformes. Un cimetière de femmes sacrifiées a été trouvé
sur le site.
La plaza de los Peregrinos datant
de la même période couvrait une superficie de plus de 35 000 m² avec deux
enfilades de colonnes en adobe.
L’Acllawasi date également de la
période Inca. Cette construction, en partie restaurée, était le lieu de
résidence des femmes qui étaient dédiées au culte et à la production de biens
sanctuaires. La structure du bâtiment était composée de galeries, d’escaliers,
de grands patios ouverts.
Il est très intéressant de voir
sur le site l’évolution des constructions et des matériaux utilisés.
Il faut imaginer que la majorité
des temples étaient peints dans des couleurs vives telle cette représentation
dans le musée.
Voilà pour ce long récit des
ruines de Pachacamac mais ce site nous a vraiment passionnés malgré son état de
ruines et c’était vraiment intéressant de voir sur un même site tant de
civilisations réunies.
Il est presque 15 heures quand
nous passons à table après un petit tour au centre d’artisanat et à la boutique
du musée. Et nous qui voulions rouler aujourd’hui, ben c’est raté... d’autant
plus qu’on a Lima à traverser... et on ne sait pas ce qui nous attend lorsque
nous prenons la route, à tel point qu’on en profite même pour s’arrêter faire
des courses au supermarché.
Il nous faudra plus de 3 heures
pour parcourir cette ville traversée en plein centre par la panaméricaine. La
circulation est chaotique, bruyante, infernale... La ville est tentaculaire.
L’autoroute est saturée. Les 4 files de circulation dans chaque sens ne sont
pas suffisantes. Les automobilistes en créent une cinquième. Celle de droite
est occupée par les transports en communs bondés qui s’arrêtent tous les 100
mètres. Sur les autres files, slaloment les camions, les bus, les voitures. Il
nous faut éviter les vendeurs ambulants qui pour gagner quelques soles, mettent
leur vie en danger au milieu de cette circulation.
Sur plus de 50 kilomètres, la
ville s’étend. Même en plein centre de Lima, la pauvreté se ressent à chaque
carrefour. Les collines sont investies par de précaires habitations qui montent
de plus en plus haut vers les sommets à la recherche d’un terrain inaccessible
par la route.
Les trottoirs, les passerelles
sont pleines de piétons déambulant au milieu de petits marchés.
Nous apercevons le centre
historique et ses jolis bâtiments mais comment faire pour se garer et laisser
le véhicule en sécurité. On verra au retour en récupérant la famille à
l’aéroport si nous visitons la ville ou pas.
Les heures passent. Il est 18h30.
La nuit tombe mais nous n’avons pas d’autres choix que de rouler. Il est tout
simplement impossible de bivouaquer ici d’autant plus qu’on arrive près de la
sortie de la ville et donc de ses quartiers les plus pauvres. Pourtant, nous ne
sommes pas trop difficiles et arrivons à dormir un peu n’importe où mais là,
nous ne nous sentirions pas tranquilles.
Enfin, nous quittons, sans avoir
abîmé le camping-car, Lima et prenons de l’altitude. Du haut des 400 mètres où
nous sommes grimpés, nous avons une vue sur les lumières de la ville
tentaculaire.
Première station-service trouvée,
nous nous y arrêtons pour bivouaquer sous l’œil bienveillant des pompistes. Il
fait une chaleur incroyable. Les 40° de la journée sont à peine tombés et
malgré notre proximité immédiate avec l’océan, il n’y a pas d’air. Impossible
de rafraichir le camping-car. Nous dormons fenêtre de la capucine ouverte quand
au milieu de la nuit, une forte odeur aigre de basse cour nous réveille en même
temps que le bip-bip d’un camion qui recule pour se garer à 40 cm de nous. Il
transporte des cages, heureusement vides, de volailles. Quelle puanteur !
On ferme les fenêtres. On a trop chaud. On ouvre les fenêtres... ça pue... On
laisse les fenêtres ouvertes...
Dimanche 28 février :
De bonne heure, nous prenons la route,
toujours sur la panam’, toujours vers le nord. Nous sommes de nouveau en plein
désert, entre l’océan Pacifique et les dunes de sable sur lesquelles ne
poussent que d’immenses élevages de volailles.
Les rares habitants vivent en
bord de 4 voies dans ces « maisons » en joncs tressés. De grands
panneaux, construits dans le même matériau, les protègent des tempêtes de
sable.
Les paysages sont une nouvelle
fois superbes.
Le réseau routier sur cet axe
principal est en très bon état. Le bitume est nickel, bien entretenu. Le
camping-car roule toujours pareil. Les longues montées sont un peu compliquées
et j’arrive péniblement en haut à 50km/h. Le voyant moteur est toujours allumé.
Mais il n’y a pas de signes particuliers qui m’inquiètent. J’ai repris confiance
dans ma monture.
Les enfants ont bien compris que
longue route = dessins animés... Ils passent des heures derrière l’écran mais
également jouent, lisent, travaillent, regardent le paysage, se chamaillent
(pas trop)... et patientent durant ces heures de route. Ils sont très
observateurs des paysages et régulièrement nous interpellent pour nous montrer
quelque chose ou nous faire une remarque très pertinente.
Après près de 250 kilomètres
parcourus ce matin, nous arrivons près de Casma, aux ruines de Sechín
découvertes en 1937. Ces dernières se présentent sous la forme d’un bâtiment
carré de 51 mètres de côté, aux coins courbes et cernant une pyramide de terre
invisible car on ne peut rentrer dans le monument actuellement en fouilles.
Le
complexe daterait de 1000 avant JC. L’identité du peuple ayant réalisé ce
temple reste à priori encore assez mystérieuse.
L’intérêt majeur de ce site est
dans son mur d’enceinte, fait de grosses pierres parfaitement ajustées et
gravées. Il se lit comme une bande dessinée et met en scène 300 personnages.
Certains chercheurs y voient des massacres guerriers, d’autres pensent que
Sechín fut un centre consacré à la science et à la chirurgie. Sechín serait
donc un sanctuaire où étaient honorés guerriers et médecins. Peu importe, le
travail des sculpteurs est tout simplement incroyable. Les personnages mesurent
pour certains plus de 2 mètres de hauteur.
Passionnant malgré la canicule et
une nouvelle fois les 40 degrés dépassés.
Nous visitons également le musée
du site mais qui nous paraît bien poussiéreux après l’excellente visite d’hier
consacrée à Pachacamac.
Nous faisons une trentaine de
kilomètres et allons passer la fin d’après-midi à la plage dans le petit
village de Tortugas, logé dans une très mignonne crique bordée de maisons
blanches de pêcheurs.
Dès arrivés sur place, nous
filons dans l’eau finalement pas si froide que ça.
Nous arrivons bientôt au
nord du Pérou et donc la fin du courant Humboldt qui refroidit toutes les
plages de la côte Pacifique.
Une fois sortis de l’eau, je
bricole mon coffre-fort qui ne veut plus s’ouvrir... Dedans, PC, argent,
papiers... Et grâce à Juju, il est indestructible ! Mais bon, à force de
temps et d‘énergie, j’y arrive... c’était le verrou qui était coincé.
Joli coucher de soleil avec des
dizaines de pélicans qui s’approchent à 5 mètres de nous pour pêcher. Spectacle
magique.
Apéro car il n’y a pas de raisons qu’on n’en prenne pas ce soir.
Échange de quelques mots avec un
couple de jeunes femmes voyageuses et Victor sort « mais je ne savais pas
moi qu’on pouvait faire ça » (en parlant des bisous entre filles...). Pourtant,
on en avait déjà parlé, mais, là, de les voir s’embrasser, ça a eu un autre
impact !
Soirée préparation de
l’itinéraire des semaines à venir pour Audrey, rédaction de ces quelques lignes
pour moi, et dodo pour les enfants.
Lundi 29 février :
Avant de prendre la route, nous
buvons un petit café pendant que les enfants jouent sur la plage.
La panaméricaine traverse de
nouveau les dunes de sable. C’est vallonné, c’est beau.
L’océan que nous
longeons et l’horizon sont plongés dans une brume qui ne se lève pas de la
journée.
Voici quelques scènes de vie des villes traversées.
Nous voyons une bascule dans une
station-service sur laquelle nous montons pour nous faire peser.
Aïe, 4340 kg sachant qu’il nous manque 40 litres de gasoil et 20 kg de gaz... ça ne fait que 900 kg de surcharge. Où allons-nous mettre nos deux passagers et leurs bagages dans deux mois ?
Aïe, 4340 kg sachant qu’il nous manque 40 litres de gasoil et 20 kg de gaz... ça ne fait que 900 kg de surcharge. Où allons-nous mettre nos deux passagers et leurs bagages dans deux mois ?
Les camions croisés sont tous
chargés à la main. Rien n’est sur palette. Y compris les briques, les sacs de
ciment, les sacs de riz...
Un routier avec lequel je discute m’explique qu’il
a mis, avec l’aide de son fils, une journée et demi pour charger ses sacs de
riz sur son semi-remorque.
Nous approchons de Trujillo,
troisième ville du pays. Avant d’aller la visiter, nous allons à Las Huacas del
Sol y de la Luna. Nous commençons par le très intéressant musée de Moche, afin
de nous imprégner de cette civilisation pré-inca.
La culture Moche s’est développée au nord du Pérou de 200 à 850. Cette société était dominée par une classe de religieux et de guerriers, et une population d’experts sidérurgistes, céramistes, tailleurs, commerçants... ainsi qu’une population d’agriculteurs et de pêcheurs. L’économie des Moche se basait sur les ressources naturelles de la région. Grâce à leur technique d’irrigation, ils ont transformé un désert aride en terres productives. La surproduction agricole permettait même d’échanger ce surplus contre d’autres biens du pays (produits exotiques et biens de prestige).
Leur céramique est considérée
comme la plus artistique, la plus fine et la plus développée du Pérou.
Autour de l’an 350, a commencé la construction du Templo Viejo de la Huaca de la Luna.
Entre les années 400 et 600, la Huaca del Sol et la Huaca de la Luna sont devenues les centres religieux et politiques de la société Moche.
Mais à partir de 600, le pouvoir
de la Huaca de la Luna entra en décadence à cause du grand phénomène météorologique
El Niño. Jusqu’à présent, les religieux et divinités se montraient efficaces
pour faire taire les fureurs de la pluie et des inondations. Mais la nature fut
plus forte que les religieux qui perdirent alors de leur pouvoir. Le Templo
Viejo fut alors abandonné et le Templo Nuevo fut construit par-dessus le Templo
Viejo.
La ville de Moche (édifices
publics, palais, habitations, ateliers, places publiques...) fut construite sur
plus de 100 hectares entre la Huaca del Sol (caractère politico-administratif)
et la Huaca de la Luna (caractère politico-cérémoniel).
Pour les habitants, l’impact visuel de ces deux Huacas devait être impressionnant, par le volume colossal de ces deux édifices peints en rouge et en jaune ocre.
Pour les habitants, l’impact visuel de ces deux Huacas devait être impressionnant, par le volume colossal de ces deux édifices peints en rouge et en jaune ocre.
Les habitants de la ville produisaient
principalement des biens nécessaires au culte et aux rites cérémoniels.
Mais la ville, de même que la
Huaca del Sol, ne se visitent pas et il faudra des générations d’archéologues
avant de pouvoir le faire. Les travaux de fouilles n’ont pas encore commencé.
La Huaca del Sol mesure 345 mètres de long pour 160 mètres de large et 30
mètres de hauteur ! On la confond d’ailleurs avec une colline naturelle.
Elle fut en majorité détruite par les espagnols qui détournèrent le fleuve
Moche.
Nous visitons le centre religieux
de la Huaca de la Luna dont les travaux archéologiques ont commencé il y a une
vingtaine d’années. Il est composé de plateformes pyramidales ; d’espaces
ouverts, de places délimitées par d’épais murs d’adobe qui servaient de voies
de circulation entre les plateformes.
Il n’a pas été construit en une seule fois. Environ tous les 100 ans, ce qui correspondait à un calendrier astronomique, de manière intentionnelle, le temple était enterré et on construisait un nouvel étage avec de nouveaux murs peints. On dénombre 5 étages aujourd’hui. Chaque temple est donc superposé sur le plus ancien.
De magnifiques bas reliefs
polychromes représentant des divinités anciennes, des figures géométriques et
des animaux ont été découverts par les archéologues.
La figure la plus présente est
celle de la divinité de la montagne, connue sous le nom de l’Egorgeur.
En effet, les Moche sacrifiaient leurs ennemis en leur tranchant leur gorge et en buvant leur sang.
En effet, les Moche sacrifiaient leurs ennemis en leur tranchant leur gorge et en buvant leur sang.
La Plaza Ceremonial est la plus
importante de toutes et mesure 175x90 mètres.
Sa façade nord est entièrement recouverte de reliefs polychromes représentant des guerriers, des prisonniers, des danseurs, des divinités sur 7 niveaux différents. Cette superbe façade n’a été découverte qu’en 1998. Elle était jusque là, ensevelie sous le sable.
Sa façade nord est entièrement recouverte de reliefs polychromes représentant des guerriers, des prisonniers, des danseurs, des divinités sur 7 niveaux différents. Cette superbe façade n’a été découverte qu’en 1998. Elle était jusque là, ensevelie sous le sable.
Dans un angle de la place, prend place un superbe mur décoré de scènes représentant divers mythes de la société Moche (personnages, plantes, animaux...).
Sur la plateforme principale au 5ème étage, on y voit l’Altar Mayor. C’est ici, sur cette petite plateforme qu’avaient lieu les sacrifices durant les cérémonies rituelles.
Les rites, les offrandes et les
sacrifices étaient là pour calmer la colère des Dieux (variations climatiques,
séismes...).
Après cette passionnante visite,
nous reprenons la route pour nous rapprocher de Trujillo, ville de 800 000
habitants. Même pas peur, nous nous approchons, au milieu de la dense
circulation et de son concert de klaxons, de son cœur historique. La chance est
de notre côté une nouvelle fois ( tout comme à Santiago, à Salta, à Arequipa) et
nous trouvons de quoi stationner (au début de la rue San Martín) à 2 cuadras de
la Plaza De Armas sur un parking surveillé jour et nuit par un gardien à qui
nous donnons quelques soles pour qu’il veille sur notre camping-car le temps
que nous partions l’esprit tranquille visiter le centre colonial.
Les balcons en bois, les
moucharabiehs d’origine arabo-andalouse, les grilles en fer forgé sont tout
simplement superbes et donnent une harmonie et une ambiance très agréable à
cette ville.
Nous arrivons sur la Plaza de Armas.
Elle aussi entourée de demeures coloniales aux façades colorées, comme celle de l’hôtel Libertador, de la Municipalidad (ancienne mairie du 16ème siècle) ou de la Casa Bracamonte.
La cathédrale est aussi belle à l’extérieur avec sa façade colorée, qu’à l’intérieur avec sa voûte peinte.
La Casa Ganoza Chopitea a un portail polychrome baroque surmonté de deux lions. On devine des peintures murales derrière le nouveau crépi.
Petite pause au musée du jouet, malheureusement fermé. Nous avons de la chance cependant car le même bâtiment fait aussi bar avec une sympathique ambiance et un décor des bâtisses coloniales.
C’est l’occasion de boire un bon Pisco Sour ! (Pisco à 42°, blanc d’œuf battu en neige, citron vert et sucre). C’est fort mais c’est bon.
Un peintre doté d’un sacré talent
artistique et sens des affaires arrive à réunir une quantité de badauds autour
de lui. Il est tellement doué que nous repartirons même avec une de ses œuvres
pour le plus grand plaisir d’Anaïs.
Nous rentrons par la rue commerçante
Pizarro, remplie de monde, qui regarde les boutiques, qui regarde des films
diffusés sur des TV géantes dans la rue.
Nous sommes de retour sur la Plaza
de Armas et un petit Mac Do deux fois moins cher qu’en France (15€ les 4 menus)
nous permettra de terminer la soirée, pour le plus grand plaisir des enfants.
Petit tour sur la place éclairée. L’éclairage de la ville met bien en valeur les bâtiments et les places.
Mardi 1er mars :
Autre site archéologique, autre
civilisation. Cette fois-ci, nous sommes à Chan Chan, capitale de la
civilisation des Chimú, qui succéda à celle des Moche, et qui connut son apogée
du 12ème siècle au 15ème siècle. On en sait peu sur les
Chimú car ils ignoraient l’écriture. Ce sont les Incas qui mirent fin aux
Chimú, en les privant d’eau.
La citadelle de Nik-An est classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco.
La citadelle de Nik-An est classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco.
La cité de Chan Chan s’étendait sur 20 km² et
comptait 9 forteresses dont seule se visite celle de Nik-An qui est en cours de
restauration. Deux forteresses ont été réduites à néant pour construire une
route. Les autres encore sont des châteaux de sable, attendant les fonds
nécessaires aux archéologues pour être explorés...
Nous recommandons fortement aux
autres voyageurs la visite guidée qui s’avère indispensable pour y comprendre
quelque chose car aucun panneau, ni dépliant n’explique ce que l’on voit.
On accède par une seule et unique
porte, traversant d'épaisses murailles d'adobe à la grande place des cérémonies et des sacrifices.
Elle est entourée d’une frise ornementale en bas relief faite d’animaux qui ressemblent à des écureuils.
Elle est entourée d’une frise ornementale en bas relief faite d’animaux qui ressemblent à des écureuils.
Un passage sur le côté de la
place permet après avoir traversé les épais murs d’adobe de découvrir de
superbes pélicans et de symboliques vagues également en bas relief.
Plus loin, on accède à la salle des audiences où se répartissaient les richesses produites. Les murs de séparation évoquent les mailles de filets de pêche.
Par endroits, les vagues et les pélicans prennent des formes géométriques : ça nous fait immanquablement penser aux dessins pixelisés des jeux vidéos d’il y a quelquessss annéessss… mais il y a peu de chance que ces civilisations se soient inspirées des jeux vidéos…
Pour des cultes liés au cycle de 28 jours de la lune, un espace abrite 24 niches et 24 statues et 4 portes, ce qui fait 28 repères.
Nous suivons le labyrinthe de corridors en adobe et arrivons à une grande réserve d’eau où on procédait à des sacrifices à chaque cycle de la lune.
Nous suivons le labyrinthe de corridors en adobe et arrivons à une grande réserve d’eau où on procédait à des sacrifices à chaque cycle de la lune.
Enfin, on accède à la tombe royale du Señor Chimo, gouverneur de la citadelle de 1380 à 1420.
Son tombeau est entouré de 44 tombes de ses serviteurs (chacune de ces tombes pouvaient compter plus de 10 défunts). En effet, à la mort du souverain, on sacrifiait ses épouses et toute sa cour : après plusieurs semaines de fêtes funéraires durant laquelle de grandes quantités d’alcool et de drogues étaient absorbées au cours de rituels religieux, l’ensemble des personnes ayant vécu auprès du chef étaient sacrifiées afin de l’accompagner et de le servir dans son nouveau monde. La citadelle perdait sa fonction et devenait un sanctuaire.
On construisait alors une
nouvelle forteresse.
Le musée du site de Chan Chan
très vieillot et très poussiéreux ne mérite pas à notre avis le détour.
Nous continuons notre journée par
la visite de la Huaca de Esmeralda découverte il y a à peine 90 ans.
Cette pyramide Chimú en adobe qui servait de sanctuaire a été également restaurée et met en valeur ses bas reliefs sculptés de poissons et d’oiseaux.
Cette pyramide Chimú en adobe qui servait de sanctuaire a été également restaurée et met en valeur ses bas reliefs sculptés de poissons et d’oiseaux.
Après cette intense matinée, il est temps de prendre un peu de repos. Nous allons passer l’après-midi dans la station balnéaire de Huanchaco. Longue plage de sable, surfeurs, ambiance baba cool...
Petit resto local où nous savourons
ceviche de poissons, beignets de poissons et riz aux fruits de mer pour là
encore une somme modique.
Au milieu des planches de surf et
des baigneurs partent en mer de frêles embarcations de pêcheurs faites de
roseaux.
La flottabilité de ces Caballitos de Totora est assurée par des bouteilles d’eau vides ou des blocs de polystyrène.
Les pêcheurs partent de 5h à 8h du matin en mer parfois jusqu’à 3 km du rivage. En cet après-midi, nous en voyons quelques uns au large mettre leur filet à l’eau et ramener quelques poissons.
La flottabilité de ces Caballitos de Totora est assurée par des bouteilles d’eau vides ou des blocs de polystyrène.
Les pêcheurs partent de 5h à 8h du matin en mer parfois jusqu’à 3 km du rivage. En cet après-midi, nous en voyons quelques uns au large mettre leur filet à l’eau et ramener quelques poissons.
Les locaux vivant également du tourisme, proposent pour une poignée de soles, d’aller faire un tour sur ces embarcations. Me voici parti avec mon petit Victor à l’assaut des premières vagues un peu fortes.
Nous nous éloignons d’une centaine de mètres du rivage et voyons les pêcheurs en plein travail.
De retour sur la plage, Victor saute dans le sable, trempé, mais heureux. De retour sur la plage, je négocie avec mon guide pour repartir mais en dirigeant et en propulsant moi-même l’embarcation.
D’ailleurs, celle-ci se propulse à l’aide d’un gros bambou coupé en deux dans le sens de sa longueur. Bon, ça propulse beaucoup mois efficacement que du temps où je faisais du kayak ou de l’aviron ! Pas évident, mais en toute modestie, je m’en sors pas trop mal... Les sensations de surf sur les vagues sont surprenantes.
Après-midi école car il n’y en a pas eu ce matin, jeux de plage, baignade rafraîchissante, préparation de cet article et repos...
Nous nous réfugions sur les
hauteurs de la ville et allons dormir sur le parking de l’église. En effet,
nous craignons toujours le risque de tsunamis et évitons quand cela est
possible, de dormir sur les hauteurs. Et la vue sur la ville au soleil couchant
est plutôt agréable pour finir cette riche journée…
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