LE CARNET DE VOYAGE
DE DANY LE NAIN – ÉPISODE 25
On est allés dans la forêt
amazonienne… Je crois que les jours passés là-bas ont été les pires de ma
vie !
On a donc passé un séjour dans
une tribu amazonienne. Ces gens étaient effrayants ! Ils partaient chasser
dans la forêt pour se nourrir… Ils chassaient des caïmans ! Des
caïmans ! Moi, ces bêtes-là, j’en avais à peine vu une que je suis parti
en courant !
Et puis ils ont des rites
étranges, des traditions, des cérémonies… Enfin, appelez ça comme vous voulez,
mais c’est bizarre ! Ils nous ont proposé un bain avec les caïmans pour purifier nos corps et nos esprits !
Bien entendu, les Mollalpagas ont chacun leur tour gentiment décliné leur
offre. Mais quand ça a été à mon tour de m’y soumettre, j’ai eu beau protester,
on ne m’a pas laissé le choix ! Je me suis débattu, mais les Mollalpagas
leur ont dit que ça me ferait un bien
fou.
On m’a emmené au bord d’une sorte
de rocher qui surplombait légèrement le fleuve, et on m’a dit de sauter. Bien
entendu, en dessous de moi, il y avait une dizaine de caïmans qui tournaient
dans l’eau. J’ai refusé. Ils m’ont dit de ne pas avoir peur, que les caïmans
n’étaient pas méchants… Je n’ai pas sauté pour autant. Je me suis retourné vers
eux, toujours au bord de mon rocher mais tournant le dos au fleuve, et leur ai
dit droit dans les yeux que je ne sauterai pas. Alors, ils ont entamé une sorte
de danse rituelle, en tapant dans leurs mains et en déclamant des chants
indiens. Puis, la foule des aborigènes s’est séparée en deux, et le chef est
apparu au milieu, tel Moïse séparant la mer en deux. Le silence s’est fait
immédiatement. Malgré le sourire jovial qui coupait en deux son visage, je dois
avouer que la coiffe de plumes, le collier de crânes et la peau de bête pendant
à sa ceinture avec une grande machette ne m’ont pas rassuré. J’étais pétrifié.
Il s’est approché, les bras tendus en signe de bienvenue, comme s’il voulait me
prendre dans ses bras. Les Mollalpagas m’ont dit plus tard qu’ils l’avaient
trouvé fort sympathique. J’avoue que, pour ma part, ce n’est pas comme ça que
j’aurais décrit l’impression qu’il me fit. Il s’avança vers moi. Effrayé, je
fis un pas en arrière et basculai du rocher en haut duquel on m’avait perché.
De la suite, je ne me souviens de presque rien, à part être tombé au milieu des
caïmans et d’avoir tenté de remonter à la surface (je ne sais pas nager).
Quand je me réveillai, j’étais
allongé dans un hamac, une compresse fraîche sur la tête et une sorte de
marabout-sorcier à mon chevet.
Il portait un masque en bois, qui ressemblait
plus à une énorme boite peinte de couleurs vives et percée aux yeux et à la
bouche, qui lui descendait à la taille. Le visage peint sur le masque n’était
vraiment pas rassurant. Le sorcier avait à la main un bâton surmonté d’une
sorte de figurine mi-homme mi-chèvre. Il me fixait à travers les deux petits
trous percés dans le bois. Il dégageait une chose étrange et mystique, et je
n’arrivais pas à soutenir son regard.
« Bois, me dit il soudain.
Ça venin du serpent. Dieu-serpent veiller sur toi, étranger.
- C’est… C’est du venin ?
- Oui, ça venin.
Bois ! »
Je ne cherchai même pas à me
débattre, effrayé à l’idée des représailles si je vexais le Dieu-serpent.
C’était amer et ça sentait la plante. J’eus du mal à avaler.
On m’obligea à rester deux jours
de plus alité, à boire trois fois par jour le venin du serpent.
Quand je fus rétabli, le chef
demanda à me voir. Il me dit qu’une vieille prêtresse était venue le voir.
Quand elle avait invoqué les Dieux, ils avaient dit à la pauvre femme que grâce
à mon passage dans la tribu, s’ils sacrifiaient un bébé caïman (leur animal
totem) sous mes yeux, leurs sols seraient dix fois plus fertiles pour l’année à
venir. On sacrifia donc un bébé caïman sous mes yeux. Pour me remercier, le
chef me fit m’asseoir sur son trône, ce qui était un immense honneur, et on fit
sculpter une statuette à mon effigie, et on la fixa sur le haut de leur totem.
Les jours suivants, la tribu
voulut m’impressionner en me montrant tout ce qu’ils savaient faire. J’assistai
donc à la chasse, à la récolte de larves se cachant au creux des arbres (et je
dus les goûter), on me promena en pirogue (et je tombai dans l’eau une bonne
dizaine de fois, au milieu des piranhas). Ce fut infernal.
Après la forêt, nous sommes
retournés à la civilisation. On a fêté pâques, en faisant la chasse aux œufs
dans le camping car ! Heureusement qu’il y avait du chocolat, sinon, ça
m’aurait saoulé ! Mais le
lendemain, j’avais déjà mangé toute ma récolte. (Je ne vous cache pas que j’ai un peu pioché dans celle des enfants,
mais surtout il ne faut pas leur dire…).
Le matin du premier avril, je me
suis réveillé à l’affut. Je ne laisserai personne, je dis bien personne me
jouer de tour ou me coller le moindre poisson dans le dos. Je me suis méfié
toute la journée, et, d’ailleurs, je les ai bien eus… Ils n’ont pas pu m’en
coller un seul ! De toute façon, au premier avril, personne n’a jamais
réussi à me coller de poisson, je suis trop malin ! Je n’ai jamais eu de
poisson dans le dos ! Ils ne pensaient quand même pas qu’ils allaient
réussir à avoir le grand Dany ! Eh, ils m’ont pris pour qui ?
Et si, Dany, on t’a bien eu… ! Les Mollalpagas
On a continué à voir des paysages merveilleux,
et j’ai même pu poser avec quelques amis alpagas !
On est en Equateur, maintenant…
Je vous redonnerai des nouvelles…
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