LE CARNET DE VOYAGE
DE DANY LE NAIN – ÉPISODE 31
Et puis, les copains, j’ai pas que ceux là, j’ai aussi tous mes amis de Gifi… Rackham, Lindbherg… Y’a aussi Paulo, mon pote farceur… Je le reverrai, celui-là…
Ouhlala, je réalise pas trop… tout est passé si vite, et
c’est déjà… le dernier épisode de mon carnet de voyage ! Je dois dire que ça fait tout drôle !
D’accord, dans le voyage, y’a eu des hauts et des bas, d’accord, je reviens bien amoché de cette aventure…
mais là… se retrouver à nouveau à Montevideo… Bouh, ça me rend un peu
triste ! C’est que je suis nostalgique, moi ! Je suis sensible, c’est
ça qui me rend attachant ! Et je suis beau, aussi. Un dieu vivant.
Malgré mes quelques petits bobos…
Pour ce dernier épisode, j’ai décidé de prendre de bonnes
résolutions : je ne râlerai pas, malgré tout ce qu’ils m’ont fait endurer,
durant ces derniers jours. Je resterai calme, parce que ce serait bête de finir
sur une note négative. Et là, je vous imagine, derrière votre ordinateur, en
train de dire « Dany de bonne humeur, on aura tout vu ! ». Et
bien oui, messieurs dames, tout le monde peut changer, même le nain de jardin
quelque peu irascible que je suis ! Et oui ! Et puis d’abord, c’est
quoi cette manie de… Non, Dany, reste calme… respire… houuu… Voilà.
Donc non, je ne m’énerverai pas, malgré le fait qu’ils aient
partagé une fondue au chocolat alléchante sans même me laisser y goûter…
Qu’ils m’en aient ensuite enduit la moustache, en se moquant
de moi de manière abjecte…
Qu’ils m’aient mis dans la bouche d’un requin, dans le seul
but que je me fasse dévorer (alors qu’en fait, ce requin était très
sympathique, il s’appelait Michel et était fan de cassoulet )…
Qu’ils m’aient écrasé au sol, pour faire croire à un
accident de train…
Et qu’ils m’aient obligé à faire 100 pompes au bord de
l’eau…
Parce que, après tout, de tous ces mauvais moments, je garde
un bon souvenir… Par exemple, de ces pompes au soleil, je garde le souvenir du
merveilleux coucher de soleil qui se déroulait sous mes yeux…
Et puis je me suis fait de nouveaux amis… un peu trop
sérieux pour moi, cependant… Mais sympa ! il faut toujours garder le
positif de toutes ces aventures…
Vous voyez, quand je veux, je sais être positif, avec
quelques efforts ! C’est plutôt sympa, d’ailleurs !
Et puis, tous ces beaux paysages vus, ces beaux pays
traversés ne peuvent pas être gâchés par un simple sac rempli d’une odeur
nauséabonde de pâté, ni par un petit
accident au Salar d’Uyuni…
Tous ces amis que je me suis fait, toutes ces belles
rencontres…
Et puis, les copains, j’ai pas que ceux là, j’ai aussi tous mes amis de Gifi… Rackham, Lindbherg… Y’a aussi Paulo, mon pote farceur… Je le reverrai, celui-là…
Et puis, toutes les bonnes choses ont une fin… C’est ce que
je me suis dit, et je suis allé rejoindre les Mollalpagas qui buvaient un café.
Ils étaient eux aussi très nostalgiques. Je me suis installé avec eux. Pour
rigoler un peu, Sylvain a dit :
« Eh, vous voulez que je vous raconte une blague, j’en connais
une bonne !
- Eh, ouais…
- C’est l’histoire d’un fou, qui repeint son plafond… »
A ce moment, tout s’est mis à bouillonner à l’intérieur de
moi. J’avais beau faire tous les efforts possibles pour me contenir et rester
de bonne humeur… impossible ! Toutes mes bonnes résolutions de paix
intérieure se sont écroulées. Il pouvait
faire plein de choses, mais pas ça ! Il n’avait pas le droit ! Une
année passée à tenter de me rappeler de cette blague, alors que môssieur la
connaissait depuis le début ? Je fus pris d’une terrible envie de lui
mettre une baffe, de lui mordre le mollet, de lui tirer les cheveux (ah non,
impossible…trop courts, enfin, pour ce qui lui reste), je ne sais pas, mais
j’étais prêt à exploser ! Tous ces efforts, réduits à néant, à cause de
lui ! A cause de ce petit… Ce petit… Vous avez de la chance que je sois
poli ! Grrrrr ! Il a poursuivi sa blague. J’avais envie de me boucher
les oreilles, afin de ne plus entendre sa voix abjecte, et pour ne pas voir
tous ces efforts anéantis en quelques mots, mais ma curiosité l’a emporté, et
j’ai écouté.
« C’est l’histoire d’un fou, qui repeint son plafond,
quand soudain, y’a un autre fou qui passe, et qui lui dit « accroche toi
au pinceau, j’enlève l’échelle ! » Hahaha ! Elle est bonne,
hein ? »
Personne n’a rigolé. Cette blague est nulle. To-ta-le-ment
nulle. Pourrie. Nullos. Pourritos. J’ai gâché tout ce temps pour ça ? Pour
ça ? Pour cette blague nulle et archi-nulle ? J’étais tellement
triste et à fleur de peau, que j’ai senti une larme couler sur ma joue. J’ai
toujours été un nain très malheureux, de toutes façons… alors un choc comme ça,
j’encaisse le coup…C’est pas facile de réaliser, mais on prend l’avion dans
quelques jours… C’est la fin d’un beau voyage…
Voilà, c’est ici que s’achève mon carnet de voyage de petit
nain malheureux, et je crois que je suis encore en train de pleurer.
Pardonnez-moi, c’est l’émotion !